Enclavée dans le morne Midwest, Chicago est pourtant une ville incontournable des États-Unis. Et le quartier très cool de Wicker Park y est pour beaucoup.
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Wicker Park est un quartier situé au nord-ouest de Chicago, à quinze minutes à peine du centre-ville. Depuis quelques années, il est devenu un hotspot pour touristes cherchant à sortir des sentiers battus et est très souvent recommandé par les gens du coin. Et effectivement, une fois sur place, l’effet est instantané. Impossible de ne pas capter l’ambiance unique, une fois plongé dans ce quartier.
Si le coin est atypique, c’est avant tout grâce aux multiples vagues d’immigration qui ont influencé et enrichi l’âme de ses rues. Les immigrants allemands et scandinaves sont d’abord arrivés puis Wicker Park est devenue la terre d’accueil de familles venues de Pologne dans les années 1860. Après la construction de la première autoroute dans les années 1950, à peine à quelques blocs du quartier, de nombreux immigrants polonais et leurs descendants se sont déplacés ailleurs, laissant place aux Mexicains et aux Portoricains. Vers les 70’s, Chicago fut pris d’assaut par des artistes de toutes origines ethniques qui ont rapidement préféré Wicker Park au centre-ville industriel.
Wicker Park est aujourd’hui un melting-pot de minorités très diverses, de familles, d’étudiants, de jeunes actifs et bien sûr, de hipsters. À la différence des centres-villes, s’y balader, c’est plonger dans une ambiance multiculturelle polyglotte, plus proche de l’Amérique telle qu’elle est vraiment. Ici on partage joyeusement ses trésors, personne ne regarde les touristes d’un mauvais œil comme pourraient le faire ces fichus habitants de Brooklyn, et tous les styles se mélangent.
Entre Midwest et États du Sud
À ceux qui trouvent que l’Histoire se lit peu dans les bâtiments américains comme le permettent nos immeubles haussmanniens, vous allez être servis. L’architecture y est très variée, à la différence, on vous l’accorde, des bâtiments sans cachet du quartier d’affaires. À deux rues seulement de l’avenue principale, on se retrouve devant une suite de vastes maisons datant de 1884 pour la plus vieille, au style victorien digne des plus belles cartes postales de Louisiane. Les demeures de style colonial se mêlent ainsi aux anciennes écuries typiques du Midwest qui ont depuis été joliment rénovées.
Même le Walgreens local est stylé : situé dans une ancienne banque, le coffre-fort a été gardé en état et sert de rayon pharmacie. À voir absolument. Enfin on retrouve quand même un peu de New York avec un bâtiment qui rappelle le Flatiron Building datant de 1905 et un ancien hangar pour les pompiers, tout en brique rouge, dans lequel se loge une des auberges de jeunesse les plus cool et confortables des États-Unis, The Hollander, au design travaillé et aux murs laissés en l’état.
Pour couronner le tout, le quartier est traversé par la 606, une sorte de “coulée verte” réservée à un mode de vie doux, véritable artère écologique sur laquelle la vie de quartier peut compter pour dynamiser les week-ends et les froids hivers nord-américains.
Frip, record store et bookshops
Alors que faire dans ce quartier si cool ? Globalement, c’est le spot idéal pour se perdre. Tout commence au croisement de Milwaukee et North Avenues. Une fois là, prenez n’importe quelle direction, entrez dans les boutiques et laissez-vous surprendre. Chaque rue est un enchaînement de friperies, de librairies indépendantes, de petits bric-à-brac, studios de yoga et de magasins de vinyles, intercalés de street art. Récemment, c’est le street artiste brésilien Kobra qui s’est emparé des murs du quartier.
Ici, les commerçants prennent le temps de vous conseiller le meilleur de leur stock, et si vous avez de la chance, ils se lanceront peut-être même dans de longs récits historiques. Ainsi, on a le droit à l’explication de la fabrication des bottes de cow-boy dans les années 1900 dans une friperie, plus loin le libraire du Bookstore Myopic, véritable labyrinthe, vous fait une sélection des meilleures plumes du moment à “absolument lire pour rester forts et éduqués face à la politique de Trump” puis vous raconte toutes les manifestations contre le gouvernement qui ont pris place dans le quartier. Enfin, les trois grands magasins de vinyles ont une large sélection à moins d’un dollar. Et pour une virée au paradis des sons jazz sur platines, Reckless Record est immanquable. Le meilleur de tout ça ? Les prix à Wicker Park sont totalement abordables, bien loin du trop branché Brooklyn et ses matchas latte à 6 dollars.
Manger, manger, manger
L’autre attraction majeure de Wicker Park est sa longue liste de restaurants et cafés aux saveurs du monde entier. Chaque restaurant est un mélange d’au moins deux pays différents. Chez Dove’s Luncheonette, les plats typiques du Sud se mélangent aux spécialités mexicaines. Chez UbranBelly, on commande Huevos Rancheros avec des dumplings coréens et pour finir en beauté, Native Food Café vous serre des burgers avec des gaufres au maïs en guise de bun. Les étudiants squattent les cafés confortables et toujours décorés avec goût. Si on regarde attentivement, on remarque que de temps en temps l’un d’entre eux lève le nez de ses révisions pour prendre en photo et instagrammer les lieux.
Une fois la nuit tombée, la rue se noircit un peu plus pour sortir dans les clubs de jazz et petits bar. Nos pas sont rythmés par le bruit des shakers que les barmen agitent. Parmi les lieux incontournables, The Map Room pour sa sélection de bières, le Revel Room pour sa déco stylée et son ambiance jazzy, The Emporium Arcade pour ses jeux d’arcade des années 1980 et enfin Danny’s Tavern pour groover sur de la samba ou du rockabilly remixés. Les délicieux diners ouverts 24h/24 servent d’after party où travailleurs de nuit croisent fêtards du petit matin avant que ne reprenne la frénésie multicolore de la journée.