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HBO a 50 ans : on a classé (objectivement) les 50 meilleures séries de la chaîne culte

HBO a 50 ans : on a classé (objectivement) les 50 meilleures séries de la chaîne culte

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Par Adrien Delage

Publié le , modifié le

"It’s not TV, it’s HBO."

Un écran cathodique noir, de la neige, un grésillement et enfin ces trois lettres emblématiques : HBO. Depuis 50 ans, la chaîne Home Box Office créée par Charles Dolan en novembre 1972, fait rêver les sériephiles du monde entier avec une ligne éditoriale simple mais ambitieuse, des programmes et notamment des séries de prestige. En 50 ans, HBO a accumulé les chefs-d’œuvre, récompenses aux cérémonies télévisuelles et une reconnaissance inégalée dans le game du petit écran. Pour souffler ses 50 bougies, Konbini vous propose de revivre à travers 50 séries les plus vibrants moments de la chaîne culte, dans un classement objectif où vous ne trouverez que du haut de gamme. Parce que “it’s not TV, it’s HBO.”

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#50. The Baby (2022)

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Parce que c’est une mini-série de huit épisodes et qu’elle n’est sortie qu’au début de cette année, il est sans doute encore trop tôt pour affirmer que la série laissera ses marques dans l’Histoire de la chaîne, ce qui explique sa place dans ce classement. Néanmoins, The Baby, créée par Lucy Gaymer et Siân Robins-Grace, est l’un de nos coups de cœur de l’année, tous diffuseurs confondus. Sur le papier, elle est décrite comme une “comédie horrifique” britannique, mais dans les faits, c’est une véritable curiosité à l’humour noir, très noir, sur le non-désir d’enfant, la maladie mentale, l’amour et la sororité entre femmes… Bref, The Baby est une pépite, certes fantasque par endroits, mais qui a les deux petits petons bien ancrés dans notre société. (D. R.)

#49. Hacks (2021 –)

C’est l’histoire d’un clash des générations entre une star du stand-up sur le déclin et une jeune autrice de sketches aux dents longues. Et, naturellement, les deux femmes vont apprendre d’abord à composer l’une avec l’autre, puis à se comprendre, un peu. Paradoxalement, les bonnes comédies qui dépeignent l’univers du stand-up se comptent sur les doigts d’une main. Faire rire, c’est déjà dur. Mais faire rire (et émouvoir !) en disséquant les mécanismes de l’humour, c’est carrément casse-gueule.

Hacks, créée par Lucia Aniello, Paul W. Downs et Jen Statsky, y parvient avec une insolente facilité. Et la magie qui opère à l’écran doit beaucoup à son duo d’actrices, Hannah Einbinder et l’immense Jean Smart. Un régal. (D. R.)

#48. The White Lotus (2021 –)

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La saison 1 de The White Lotus, comédie noire créée par Mike White, fut l’excellente surprise de l’été dernier. Débarquée sans bruit sur HBO, la série a rapidement dépassé nos attentes grâce à des talents d’écriture qui ont su mêler satire et suspense dès la première minute. Et pour incarner les riches vacanciers et le petit personnel de cet hôtel paradisiaque, plein de faux-semblants et au bord de l’implosion, tous les comédiens ont été impressionnants.

En sus, un excellent générique qui ne saurait gâcher la réputation du blanc lotus. Après avoir tout raflé à la dernière cérémonie des Emmy Awards, la série a été renouvelée pour une deuxième saison. On craint un scénario plus laborieux mais une seule chose est à retenir : Jennifer Coolidge, la meilleure d’entre nous, y fera son retour. (M. Marcillat)

#47. John from Cincinnati (2007)

Le premier âge d’or de HBO est survenu dans les années 2000 sous l’impulsion de la sainte trinité des David : David Chase, David Simon et David Milch, le plus “boudé” des trois. Pourtant, le créateur de New York Police Blues a marqué le monde des séries avec sa patte lynchienne, en particulier à travers la méconnue John from Cincinnati. Petit bijou d’écriture et de mise en scène audacieuse, la série de Milch, décrite comme du surf noir, avait tout pour s’imposer comme une référence de HBO : une famille dysfonctionnelle (les surfeurs Yost), un brin de high concept avec une figure mystérieuse capable de projection astrale (John) et un mélange des genres dans la veine de Twin Peaks. Un chef-d’œuvre oublié et incompris, qui était bien trop en avance sur son temps. (A. D.)

#46. The Third Day (2020)

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Sur le papier, The Third Day avait tout pour plaire. Un dramaturge britannique émérite, avec Dennis Kelly (Utopia, Pulling) à la création, un casting qui détonne, un décor mystique, unique en son genre, et une intrigue qui donne le tournis. Et pourtant, c’est l’une des séries que seuls quelques puristes du genre – entre le drame et l’horreur – s’échangeaient sous le manteau. Quel dommage. Peut-être parce qu’elle était trop longue. Peut-être parce qu’elle était trop lente. Peut-être parce qu’elle a eu raison trop tôt. Peut-être un peu tout ça à la fois. (R. P.)

#45. The Larry Sanders Show (1992 – 1998)

Peu connu dans nos contrées, Garry Shandling a pourtant tout simplement inventé un type de sitcom dans les années 1990 avec The Larry Sanders Show. Accompagné de Dennis Klein, Shandling a créé le premier vrai “mockumentary” en série, avec ses regards gênés et ses caméras à l’épaule, repris plus tard par The Office, 30 Rock ou Curb Your Enthusiasm. Avec six saisons entre 1992 et 1998, structurées comme le making of d’un late show américain, mais complètement faux et parodique. Les invités au show jouent leur propre rôle et tout devient tourbillon, créatif, nouveau. Un indispensable. (A. Chapuis)

#44. Extras (2005 – 2007)

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Deux ans après la fin de The Office, Ricky Gervais et Stephen Merchant créaient Extras. Toujours dans la veine du “mockumentary” qui les a fait connaître, le duo infernal s’attaquait désormais au monde impitoyable de la figuration et de l’industrie du spectacle. De tournage en tournage, Ricky Gervais est Andy Millman, un acteur de seconde zone qui joue plus souvent les plantes vertes que les premiers rôles. Cette série, en coproduction avec la BBC, fait tout autant partie de l’ADN du binôme que The Office. Elle est certes moins connue, mais elle mérite tout de même sa place dans ce classement. (D. R.)

#43. Silicon Valley (2014 – 2019)

Mike Judge, c’est le mec derrière les séries animées Beavis & Butt-Head (et son spin-off Daria) ou King of The Hill, les films Office Space ou Idiocracy et aussi la super série documentaire Tales From The Tour Bus. Bref, c’est un créatif de génie. Dans les années 2010, il s’est lancé dans une satire de l’industrie de la tech avec Silicon Valley. Montée autour du personnage de Richard Hendricks qui vient d’inventer un système de compression révolutionnaire, cette série est un énorme condensé des incohérences actuelles de la vraie Silicon Valley, entre geeks millionnaires et fails complets.

Les hauts et bas sont parfaitement maîtrisés et la série tient ses promesses sur la longueur avec six saisons bien remplies. Un bon témoin de l’humour des années 2010. (A. Chapuis)

#42. The Newsroom (2012 – 2014)

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Après le grandiose The West Wing traitant des arcanes de la Maison-Blanche, le génial Aaron Sorkin (The Social Network, Moneyball) s’attaque aux chaînes d’informations avec leur traitement électrique du scoop et leur relation au divertissement. Pour ce faire, Sorkin déniche le grand Jeff Daniels, acteur aux multiples facettes allant de La Rose pourpre du Caire à Dumb & Dumber (oui, le grand écart est sérieux).

Jeff fait des miracles en présentateur vedette, maître de son pouvoir des mots et de ses sujets, mais esclave des audiences. Emily Mortimer, Dev Patel, Olivia Munn et Sam Waterston sont aussi excellents. Proche du Network de Sidney Lumet au début avec ce monologue signature, la série explose de toute part au fur et à mesure. Un vrai tour de force d’écriture de personnages, de dialogues et de mise en scène. Merci, Aaron Sorkin. Merci, Jeff Daniels. (A. Chapuis)

#41. La Caravane de l’étrange (2003 – 2005)

Dix ans avant que Ryan Murphy s’attaque au sujet des freaks avec American Horror Story, HBO l’a fait avec La Caravane de l’étrange de Daniel Knauf. Une œuvre curieuse, dense et lugubre qui, d’une certaine manière, pose les bases de la fantasy du côté de la chaîne câblée. La série nous transporte dans l’Amérique pastorale des années 1930, au cœur d’une troupe de forains ambulants composée de plusieurs freaks, dont certains semblent dotés de pouvoirs mystérieux.

Une série courte qui brillait par la richesse de sa mythologie, son discours osé sur la théologie chrétienne et sa représentation moderne des personnes difformes, handicapées et/ou malformées, et qui déconstruisait déjà l’idée d’une masculinité toute puissante, des années avant Game of Thrones. (A. D.)

#40. Mare of Easttown (2021)

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Vendue comme un True Detective au féminin, cette mini-série créée et showrunnée par Brad Ingelsby, inconnu au bataillon des séries, vaut tellement plus que cette comparaison (sexiste). Porté par la formidable Kate Winslet, ce drame policier ne concède rien à son héroïne, comme a pu le faire, avant elle, la tout aussi brillante Sharp Objects (qui est évidemment aussi présente dans ce classement). Mare Sheehan est flic, dans une petite bourgade nommée Easttown, et pendant que sa propre vie part en lambeaux, elle doit enquêter sur le meurtre d’une ado.

Âpre, exigeante, mais étonnamment pas dénuée d’humour, cette série a marqué au fer rouge nos esprits, et ce, en seulement sept épisodes. Un vrai tour de force. (D. R.)

#39. Scènes de la vie conjugale (2021)

En 1972, la série suédoise d’Ingmar Bergman — puis le film qu’elle a engendré — filmait la dissolution d’un couple en huis clos et s’est rendue responsable de l’explosion de nombre de divorces dans le pays. Près de 50 ans plus tard, Hagai Levi, le créateur de The Affair qui portait déjà un regard bien sombre sur le couple, revisite sur trois ans cette séparation toujours à la façon d’une pièce de théâtre, entre les quatre murs d’une maison bourgeoise où l’on voit d’ailleurs le couple de fiction s’installer au début de chaque épisode.

Mais en 2021, c’est Mira (Jessica Chastain) qui pourvoit aux besoins financiers du foyer, c’est Mira qui interroge son instinct maternel, c’est Mira qui trompe et c’est Mira qui part. Jonathan (Oscar Isaac) est en retrait, mais son apathie met elle aussi à mal le couple. Plus qu’une inversion des rôles, Hagai Levi a su dresser un portrait moderne et pertinent, mais surtout très douloureux du couple moderne et hétérosexuel. (M. Marcillat)

#38. Big Love (2006 — 2011)

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Créé par Mark V. Olsen et Will Scheffer, Big Love est une immersion totale dans le monde des mormons fondamentalistes dans l’État de l’Utah. Très réaliste, la série voit Bill Paxton jouer un patriarche respecté et aimé de sa communauté et de sa famille, mais croyant de moins en moins aux dérives sectaires de son groupe. Avec ses trois femmes magnifiquement jouées par Jeanne Tripplehorn, Chloë Sevigny et Ginnifer Goodwin, Bill Paxton offre un portrait tout en nuance sur un sujet difficile et peu traité, avec beaucoup de tabous, entre religion et genres, amour et sexe, famille et communauté, tradition et modernité.

Avec ses cinq saisons très fortes, Big Love est un peu le joyau oublié au milieu de l’écrin HBO. Un beau marqueur des années 2000, à revoir avec passion, surtout après la disparition de Bill Paxton. Sûrement un de ses rôles les plus complets. (A. Chapuis)

#37. Looking (2014 – 2015)

Looking, c’est un peu le Girls gay. Nous avons ici enfin le droit à une représentation cosmopolite, actuelle et loin du pathos d’un groupe d’amis gays de San Francisco. Porté par Jonathan Groff, le héros nous introduit à son groupe d’amis, à ses amours chaotiques, ses emmerdes professionnelles, ses joies et ses peines amicales. Créée par Michael Lannan, cette série a marqué une génération de millennials et se fait l’écrin d’un récit coming of age qui parle à tou·te·s. (D. Ghezlane-Lala)

#36. Vinyl (2016)

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Les séries et biopics musicaux ont toujours eu la vie dure à la télévision, et même Martin Scorsese, Mick Jagger, Terence Winter et HBO ne parviendront pas à changer la donne. Ils ont pourtant mis le paquet (de billets verts) dans Vinyl, série qui retrace la folie et l’effervescence des groupes et labels de rock’n’roll dans les seventies, alors que le punk, le disco et le hip-hop leur font de l’ombre.

Une œuvre âcre et dopée par la prestation explosive de Bobby Cannavale, qui rend hommage aux stars du rock, d’Elvis Presley à Axl Rose en passant par Robert Plant. Si le vinyle s’est rapidement enrayé, consumé par ses ambitions démesurées et une musique bien moins populaire de nos jours, on retiendra quand même sa BO déchaînée et sa nostalgie dévorante. (A. D.)

#35. Industry (2020 –)

Personne n’aurait pensé pouvoir s’intéresser, de si près, au monde de la finance sur petit écran. Et pourtant, Industry – créée par Konrad Kay et Mickey Down – y parvient avec brio. Si on ne comprend pas la moitié du jargon utilisé et qu’on passe parfois à côté des enjeux boursiers, peu importe. Drogue, sexe, pouvoir et guerre de trônes ponctuent ce thriller financier où la justice n’existe pas, où tous les coups sont permis, où rien n’est noir ou blanc.

Sur deux saisons, cette série participe naturellement à corriger certaines mauvaises représentations qui continuent de sévir dans le monde télévisuel, en proposant notamment des personnages racisés forts et nuancés, loin des “tokens bestfriends” que l’on retrouve souvent aux côtés des héro·ïne·s blanc·he·s. (D. Ghezlane-Lala)

#34. Rome (2005 – 2007)

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C’est une des séries qui ont changé la face de la télévision, et on n’exagère même pas. Jusqu’alors, la représentation des drames historiques en costumes ne parlait que très peu de l’Antiquité, et jamais avec autant de violence, de sexe, tout en étant particulièrement fun et divertissant. John Milius (coscénariste d’Apocalypse Now, tout de même), William J. MacDonald et Bruno Heller étaient largement en avance sur leur temps, donc. C’est simple : sans Rome, pas de Game of Thrones. Littéralement. (A. Cios)

#33. Boardwalk Empire (2010 – 2014)

Avec Les Soprano, HBO avait lancé une ère d’antihéros particulièrement prolifique sur le petit écran au milieu et à la fin des années 2000. Et alors que la concurrence s’emparait avec un succès époustouflant de ce trope (Mad Men, Breaking Bad, Dexter…), la chaîne contre-attaquait avec une nouvelle série de gangsters : Boardwalk Empire.

L’œuvre de Terence Winter, produite entre autres par Mark Wahlberg, récite à la perfection les gammes du genre : un monde sombre et violent en pleine Prohibition, une reconstitution luxueuse et ultra-réaliste de l’époque et un acteur en pleine bourre, Steve Buscemi, tragique et glaçant dans le rôle de Nucky Thompson. L’une, si ce n’est la meilleure série de gangsters de la décennie passée. (A. D.)

#32. Flight of the Conchords (2007 – 2009)

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Un duo de musiciens comiques. Sur le papier, ça peut faire peur, même si on garde au fond de nos cœurs une affection profonde pour La Chanson du dimanche, mais à la télé, c’était tout simplement délicieux. Bret McKenzie et Jemaine Clement, les deux Néo-Zélandais à l’origine de la série étaient déjà les stars d’un show radio rigolo sur la BBC avant que HBO leur propose de transposer leur génie comique à l’écran, à travers l’histoire de deux musiciens qui essaient de percer à New York, dont un qui a le meilleur casque de vélo jamais inventé (tapez “flight of the conchords + helmet” sur votre moteur de recherche).

La série n’a duré que deux saisons mais on peut se refaire ses dialogues lunaires et ses clips terrifiants de nullité à l’infini. Absolument aucune surprise en découvrant qu’un de ces deux hurluberlus est aussi à l’origine de la meilleure série comique du moment : What We Do in the Shadows. (M. Misset)

#31. I May Destroy You (2020)

Vous ne ressortirez pas indemne d’I May Destroy You. Inspirée de sa propre histoire, Michaela Coel a créé l’une des séries les plus fortes qu’il nous ait été donné de voir sur le stress post-traumatique qui se manifeste suite à un viol. Un viol dont l’héroïne n’a plus aucun souvenir puisqu’elle a été droguée dans un bar. Les personnages secondaires sont aussi importants, notamment Kwame, un jeune gay victime d’agression sexuelle.

Plus largement, la série aborde le racisme dans les milieux les plus privilégiés, les sexualités et comment une femme noire tente de se réaliser professionnellement, de cultiver sa vie amoureuse et amicale, à mesure que ses souvenirs douloureux reviennent. Mention spéciale à la scène de sexe avec un tampon imbibé de sang menstruel. (D. Ghezlane-Lala)

#30. I Know This Much Is True (2020)

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I Know This Much Is True est un petit bijou signé Derek Cianfrance (Blue Valentine, The Place Beyond The Pines, Sound of Metal) et Anya Epstein qui raconte une histoire déchirante entre deux frères. Déchirante pour le double jeu époustouflant de Mark Ruffalo qui incarne les frères jumeaux, l’un traversant drames conjugaux après drames familiaux, l’autre atteint de troubles mentaux. Déchirante pour le soin apporté au montage qui crée une narration déconstruite faisant sens, peu importe si on regarde la série de manière chronologique ou non. Déchirante pour la photographie sombre, granuleuse, reflet de la forêt mentale des personnages, égale aux œuvres cinématographiques auxquelles nous a habitué·e·s Derek Cianfrance. (D. Ghezlane-Lala)

#29. Oz (1997 – 2003)

Avant Oz, on n’avait jamais vu autant de violence dans une série télévisée. Un sentiment renforcé par l’univers dans lequel se déroule l’œuvre de Tom Fontana : un quartier expérimental de la prison Oswald State Correctional Facility où cohabitent aryens, Afro-Américains, musulmans, Latinos, Italiens, Irlandais, bikers et d’autres non-apparentés. Un melting-pot, ou plutôt une cocotte-minute, qui génère des situations d’une rage extrême, très difficiles à regarder, et dont le visionnage ne laisse pas indemne.

On a affaire ici à une série avant-gardiste par son esthétique crue, qui a été rattrapée depuis par d’autres créations tout aussi violentes mais moins unidimensionnelles. (A. S.)

#28. The Deuce (2017 – 2019)

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En 2017, David Simon et George Pelecanos, les deux artisans derrière The Wire et Treme reviennent avec cette série événement sur les bas-fonds de New York et l’âge d’or du porno : pour les fans de séries, c’est un peu comme promettre des boîtes de trésors à la menthe à Monica Geller (saison 3, épisode 10). L’exercice est à la hauteur de l’attente, David Simon (et George Pelecanos) donnent encore une fois très envie d’aller se vautrer dans une ville ultra-violente où James Franco aurait un jumeau joué par lui-même.

Un des meilleurs rôles de Maggie Gyllenhaal, en prostituée devenue réalisatrice de porno respectée, mais c’est sans doute au New York des années 1970 et 1980 que revient le prix de la meilleure interprétation. (M. Misset)

#27. Big Little Lies (2017 – 2019)

David E. Kelley, un grand habitué des dramas judiciaires — c’est notamment le papa d’Ally McBeal et de Boston Legal — nous livre ici une fable aussi glamour que perverse sur le quotidien de cinq femmes privilégiées et vivant dans la ville côtière et cossue de Monterey, en Californie. Leurs destins entremêlés par la violence masculine et les mensonges de leur petite communauté ont fait de cette série un “must see”. L’écriture implacable, la réalisation, en saison 1, du regretté Jean-Marc Vallée et son casting digne des plus grandes productions hollywoodiennes, ont fait entrer Big Little Lies dans la légende. (D. R.)

#26. Westworld (2016 – 2022)

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Narrativement, philosophiquement et métaphoriquement, on n’avait pas vu une série aussi ambitieuse depuis Lost, si bien que Westworld fut souvent mal-aimée et jugée élitiste à cause de son goût prononcé pour le high concept et des thématiques futuristes comme le transhumanisme. Pourtant, la série de Jonathan Nolan et Lisa Joy est à l’image du couple de créateurs érudits : une alliance fusionnelle entre le cérébral très poussé du frère de Christopher Nolan et l’émotion littéraire et poétique d’une diplômée d’Harvard.

Une œuvre complexe, avant-gardiste mais finalement très humaine, où l’on adore se perdre dans son labyrinthe narratif, à l’image d’une première saison exceptionnelle et fédératrice. (A. D.)

#25. True Blood (2008 – 2014)

Dès son générique, la série d’Alan Ball annonçait la couleur : ici, c’est le bayou, c’est moite, caliente, la ferveur religieuse y est bien enracinée, et les prédateurs, que ce soient des alligators ou d’autres créatures aux dents longues, sont partout. True Blood, en adaptant la saga littéraire de Charlaine Harris, The Southern Vampire Mysteries, a pris le sous-texte sensuel du suceur de sang et a tourné le curseur sur “atomique”. Car c’est aussi cela que l’on retient de True Blood : pendant sept saisons, elle nous a donné chaud, très chaud, qu’elle nous a traumatisé·e·s avec des scènes d’un gore rarement égalé. Un délicieux plaisir coupable. (D. R.)

#24. Veep (2012 – 2019)

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Vous aimez The Office ? Vous aimez la politique américaine ? Vous aimerez Veep. Cette satire signée Armando Iannucci est un concentré d’absurde, de grossièretés, de quiproquos, de malaise et de lose. Des ingrédients parfaitement dosés au service de personnages tous aussi branquignoles les uns que les autres, servis par un casting impeccable. La protagoniste, la vice-présidente des États-Unis Selina Mayer, jouée par l’excellente Julia Louis-Dreyfus, enchaîne les situations gênantes, dans tous les domaines, embarquant avec elle tout son cabinet, pas plus dégourdi.

Si la vision de la Maison-Blanche et de la politique US offerte par Veep est plus légère que ce qu’on a l’habitude de voir sur grand et petit écran, on est tout de même en face d’une série d’une très grande qualité, maintes fois récompensée aux Emmys. La preuve que la comédie peut atteindre des sommets d’écriture et de réalisation, au même titre que les drames. (A. S.)

#23. Barry (2018 –)

Sûrement un des plus belles réussites de ces dernières années avec notamment la performance d’acteur exceptionnelle de Bill Hader en tueur à gages hors norme. Ce bijou d’humour noir est également créé par Bill Hader aux côtés de Alec Berg, un des grands manitous derrière l’énorme succès de Seinfeld. Barry est assez méta dans son concept car il parle du spleen d’un tueur à gages de Cleveland qui, dans sa lassitude quotidienne, décide de partir à Los Angeles pour tuer une cible et y rencontre une classe d’acteurs amateurs qu’il va prendre pour amis. Et donc devenir acteur. Ce que Bill Hader est en fait. Oui, c’est un acteur qui joue un tueur à gage qui joue à l’acteur.

C’est fou, c’est hyper bien écrit, rempli d’action, impressionnant de bout en bout. En seulement trois saisons, Barry est devenu un incontournable du catalogue HBO. (A. Chapuis)

#22. Years and Years (2019)

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Quelles conséquences auraient sur nos vies les grands drames de ce monde ? Years and Years, imaginée par le visionnaire Russell T. Davies, répond à cette question en nous montrant l’impact sur 15 ans des bouleversements géo-politico-économiques et technologiques sur une famille britannique tout ce qu’il y a de plus banale : les Lyons. Une vision à l’échelle locale des chamboulements mondiaux qui vont de la crise migratoire à l’influence de la Russie sur la montée du populisme. Spoiler : c’est pas la joie. Une uchronie qui joue sur nos angoisses actuelles. Tout à fait dans l’air du temps. (A. S.)

#21. Curb Your Enthusiasm (2000 –)

C’est très difficile de résumer Larry et son nombril en quelques mots tellement c’est un univers complet et une réinvention constante. On y suit le quotidien de Larry David, un des créateurs de la sitcom la plus réussie et remplie de succès, Seinfeld, juste après la fin de cette dernière avec comme point de départ : “qu’est-ce qu’on fait après ?”. C’est le “mockumentary” ultime qui s’étale sur 20 ans avec des traits de génie à chaque saison et une écriture si directe et fouillée qu’elle lui deviendra propre.

Larry David est devenu un véritable personnage de la pop culture, jouant sur ses propres travers et sa propre légende de manière méta jusqu’à avoir la réunification de Seinfeld en son sein. Clairement le haut du panier de HBO, qui ne veut toujours pas mettre de point final. Et c’est tant mieux pour nous. (A. Chapuis)

#20. Band of Brothers (2001)/The Pacific (2010)

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Si Band of Brothers et The Pacific sont deux mini-séries dissociables et différentes, on a décidé de les réunir comme un diptyque qui a marqué les années 2000. D’abord, parce que les séries de guerre sont très rares, ensuite pour leurs prouesses visuelles et la quête de vérité historique cherchée par Tom Hanks et Steven Spielberg. The Pacific est encore aujourd’hui la mini-série la plus chère de l’Histoire (environ 250 millions de dollars), alors que les deux œuvres ont fait émerger une pléthore d’acteurs (Damian Lewis, Tom Hardy, Simon Pegg, James McAvoy, Michael Fassbender…) sur la scène hollywoodienne.

Deux séries encore très actuelles aujourd’hui pour comprendre l’horreur d’un conflit mondial et la fraternité dont ont fait preuve les soldats pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. (A. D.)

#19. True Detective (2014 –)

Rarement une série avait tant repris les codes du cinéma. Déjà avec son duo de tête, comprendre Nic Pizzolatto en guise de showrunner, et Cary Fukunaga, qui a réalisé tous les épisodes. Le dispositif était rare. De même que le fait d’avoir une enquête avec un casting précis qui se résout à la fin de la saison, et qui ira piocher une autre intrigue et d’autres acteur·rice·s pour les suivantes. À l’époque, l’anthologie est loin d’être monnaie courante.

Ajoutez à ça un travail sur l’écriture où la profondeur du récit est aussi philosophique, ambitieuse et sombre, et une mise en scène rappelant Cuarón ou Mann par moments : la première saison est un traumatisme pour nombre de spectateurs et spectatrices. Bon, le raté de la deuxième saison, et le léger ennui devant la troisième nous empêchent de la mettre plus haut, mais tout de même… Rappelons-nous du choc qu’a été le duo McConaughey/Harrelson à l’époque. (A. Cios)

#18. Lovecraft Country (2020)

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Depuis quelques années, l’uchronie est devenue une source majeure d’inspiration pour les scénaristes du petit écran. Mais aucune n’a fait mieux que Lovecraft Country, adaptation du roman éponyme de Matt Ruff. La série de Misha Green est un écho contemporain, fantastique et (très) glauque au film Green Book de Peter Farrelly, Oscar du meilleur film en 2019.

Dans ce récit initiatique au cœur de l’Amérique profonde des années 1950, où l’horreur sert de métaphore au racisme dans la veine du cinéma de Jordan Peele, trois amis affrontent le suprémacisme blanc et des monstres sortis de l’imaginaire de Lovecraft. Une série de genre brillante qui ne fait rien comme les autres et flirte souvent du côté de Twin Peaks et Legion côté esthétique. (A. D.)

#17. We Are Who We Are (2020)

Créée par Luca Guadagnino, Paolo Giordano et Francesca Manieri, We Are Who We Are parle d’amitié, d’une amitié si particulière entre deux adolescents états-uniens perdus dans une base militaire italienne où ils s’ennuient cruellement. Rares sont les séries où l’identité de genre est au cœur de l’intrigue. C’est ici que cette mini-série nous prend : dans ses représentations autour de la sexualité et de la transidentité, dans son récit initiatique, niché dans un titre de Blood Orange. (D. Ghezlane-Lala)

#16. Euphoria (2019 –)

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Le Skins de la génération Z. Si la figure de Sam Levinson et son male gaze sont critiqués, force est de constater que son travail, notamment sur la première saison, pour mettre en avant des figures, des problématiques, et une représentation féminine unique en son genre, est plus qu’important : il est nécessaire. Détesté et critiqué, certes, mais qui a explosé les records (d’audience et de mentions en ligne) et tout autant adoré. N’est-ce pas là le signe d’une série générationnelle ? L’avenir nous le dira, mais on a tendance à le penser d’ores et déjà. (A. Cios)

#15. Treme (2010 – 2013)

Que celles et ceux dans la salle qui ont déjà pris un billet d’avion pour la Nouvelle-Orléans suite au visionnage de Treme lèvent la main ! L’autrice de ces lignes – malgré un portefeuille bien maigre à l’époque – en fait partie. Portrait d’une ville qui donne envie de tout abandonner pour la sauver, Treme, créée par David Simon, utilise ses personnages (qui sont souvent des acteurs de The Wire) pour raconter la Nouvelle-Orléans post-Katrina entre une radio à l’ancienne, des bars où la musique est jouée live 24H/24, des musiciens fauchés, Trombone Shorty et des blacks indians à qui le musée Quai Branly consacre une expo en ce moment.

Alors oui, c’est lent, oui, c’est un peu une série d’ambiance, oui, ça se mérite, oui, mes parents se sont endormis devant, mais pour celles et ceux qui restent, le kiff est total et le billet d’avion un peu cher. (M. Misset)

#14. Sex and the City (1998 – 2004)

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Êtes-vous plutôt une Carrie, une Charlotte, une Miranda ou une Samantha ? 25 ans après la diffusion du pilote de la série la plus iconique de HBO, créée par Darren Star, que n’avons-nous pas déjà dit sur Sex and the City ? Au risque de se répéter : aucun autre personnage féminin de télévision n’a su rivaliser avec Samantha, sa liberté, son piquant et sa répartie et si la série souffre aujourd’hui de (nombreux) défauts de représentation, elle restera une révolution dans la représentation de la sexualité à l’écran.

Alors ne gâchez pas Sex and the City en vous risquant à regarder And Just Like That, son reboot malaise. (M. Marcillat)

#13. Succession (2018 –)

Un peu à l’instar de Deadwood, on est ici sur du pur drame shakespearien, avec beaucoup de “fuck” dedans. On adore voir les Roy, une famille de milliardaires sans scrupules (surtout les un·e·s envers les autres), s’entre-déchirer pour gratter toujours un peu plus de pouvoir. Les coups bas sont légion, et les répliques assassines fusent. Le générique à lui seul est devenu un monument de la pop culture. Jesse Armstrong, son créateur, nous régale chaque saison avec la cruauté et l’avidité sans limite de ses personnages. (D. R.)

#12. Sharp Objects (2018)

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Chaque année, HBO brille par ses mini-séries prestigieuses, qui concourent la plupart du temps aux Emmy Awards pour en remporter une bonne poignée. Mais 2018 fut particulièrement marquant pour la chaîne câblée grâce à Sharp Objects, la nouvelle création de Marti Noxon avec feu Jean-Marc Vallée (Big Little Lies) comme réalisateur. Un récit hyper-moderne et influencé par le mouvement #MeToo, qui brise complètement le tabou de la violence entre femmes et même plus particulièrement entre mère et fille.

Une série coup de poing à la souffrance aussi aiguisée que son titre l’indique, qui peut compter sur les prestations bouleversantes de Patricia Clarkson et Amy Adams. Une très grande et belle série, qui parle en plus de maladies mentales et du syndrome de Münchhausen. (A. D.)

#11. Girls (2012 – 2017)

Pour paraphraser Hannah Horvath, Girls, c’est la série d’une génération. En 2012, une jeune autrice et réalisatrice indé, Lena Dunham, cornaquée par Judd Apatow, se voit confier la création d’un show pour la très convoitée HBO. Un projet centré sur le nombril de quatre jeunes femmes new-yorkaises privilégiées mais paumées, qui ouvrira la voie à tant d’autres séries d’autrices. Et, pour ne rien gâcher, elle nous a permis de découvrir le génial Adam Driver. (D. R.)

#10. Deadwood (2004 – 2006)

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Comment fait-on société dans une bourgade où tout reste à créer et où la loi du plus fort, et du plus cupide, est la seule qui vaille ? Deadwood, créée par David Milch, c’est un western à la fois crasseux et sophistiqué, avec des dialogues shakespeariens mitraillés de “fuck” et de “cocksucker”, et des protagonistes glorieusement pourris. En trois saisons, David Milch a créé une œuvre qui rentre par tous les pores de la peau pour ne plus jamais vous quitter. Bâties sur la boue, le sang et la merde de ses habitant·e·s sans foi ni loi, les fondations de Deadwood résistent pourtant à l’épreuve du temps. Un chef-d’œuvre, tout simplement. (D. R.)

#9. Game of Thrones (2011 – 2019)

Vous avez lu ici et là : “La série qui a changé la télé pour toujours”. C’est parfois vrai, mais dans le cas de Game of Thrones plus particulièrement. L’impact dans la pop culture, dans les médias, dans la manière de construire et financer des séries avec des budgets autrefois alloués uniquement au cinéma, avec l’ambition de vouloir de faire un aussi grand spectacle pour le petit écran, dans l’envie de faire de la fantasy (genre autrefois réservé au septième art), est incommensurable. La dernière décennie a été marquée par les aventures menées de front par David Benioff et D. B. Weiss et ce n’est pas fini, comme l’immense succès de House of the Dragon nous l’a prouvé il y a quelques semaines. Pour HBO, c’était un immense pari — eux qui n’avaient pas eu d’énorme succès populaire depuis Deadwood, et étaient passé à côté de Breaking Bad ou Mad Men.

La chaîne a misé gros sur une série chère, avec énormément de personnages, une ambition qui dépasserait celle d’un récit en quelques petites saisons, qui prendrait son temps, ne serait pas toujours spectaculaire et dans un style peu vu à la télévision. Tout n’a pas été simple (les premiers chiffres étaient franchement décevants), mais HBO y a cru et à juste titre. La déception de cette fin bâclée n’enlève rien à l’importance cruciale de GoT dans l’industrie des séries. (A. Cios)

#8. The Night Of (2016)

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L’histoire des coulisses de The Night Of est au moins aussi impressionnante que celle qui prend vie sur nos écrans. Cette adaptation libre de la saison 1 de Criminal Justice, un polar anglais, aurait dû compter James Gandolfini puis Robert de Niro dans ses rangs. Finalement, les rôles principaux reviennent entre les mains de John Turturro, aussi drôle que tragique, et du jeune Riz Ahmed, dont on ne s’est toujours pas remis de sa prestation poignante. Une mini-série puissante et dure, qui décortique les rouages du système judiciaire américain et notamment des inégalités entre citoyens natifs et personnes immigrées.

Le réalisateur et cocréateur Steven Zaillian capture comme un film d’horreur mais avec une profonde sincérité la descente aux enfers de Nasir, en démontrant comment la prison et les administrations judiciaires américaines peuvent transformer un innocent en criminel. Une leçon de mise en scène, de réalisme et d’introspection des personnages, qui continue de nous hanter à travers le regard naïf et tendre de Riz Ahmed. (A. D.)

#7. Insecure (2016 – 2021)

En cinq saisons, Insecure a laissé une trace indélébile dans l’histoire des séries. Créée par Larry Wilmore et Issa Rae, qui incarne également Issa Dee, l’héroïne, elle chronique l’amitié entre deux femmes noires à Los Angeles. Au centre du récit, c’est autour de leur relation amicale que tout gravite – les amours et les emmerdes – et c’est par elle que tout se fait ou se défait. South L.A., le quartier où vivent les deux Issa, fictive et réelle, complète ce triangle amical, sans être filmé par le prisme de la violence ou de la pauvreté.

Si on a regretté un final un peu sage, on espère qu’Insecure, première comédie HBO créée et incarnée par une femme noire, engendrera de nombreuses héritières dignes de la grande Issa Rae. (M. Marcillat)

#6. Chernobyl (2019)

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Pour Konbini, la meilleure mini-série de HBO est actuellement Chernobyl. Outre sa valeur historique pour les plus jeunes, elle résonne comme jamais avec l’actualité, aussi écologique que géopolitique. Le conflit froid mais continu entre Américains et Soviétiques, qui alimentait déjà les rumeurs les plus folles lors de l’accident nucléaire de Tchernobyl dans les années 1980, se retrouve aussi dans les critiques autour de la mini-série et encore plus aujourd’hui dans l’affrontement idéologique entre Occident et Orient à travers l’invasion russe de l’Ukraine.

Au-delà de son importance historique, Chernobyl est une maestria d’écriture, de réalisation, de mise en scène et même de sound design, parsemée de fulgurances comme la scène des liquidateurs sur le toit de Masha. La mini-série de Craig Mazin reste certes une fiction, mais rarement aussi proche du documentaire au nom du bien commun. (A. D.)

#5. The Leftovers (2014 – 2017)

Difficile de résumer un tel chef-d’œuvre en quelques lignes. Alors j’irai à l’essentiel. Citez-moi une série plus poétique, plus mélancolique, plus enveloppante que The Leftovers, créée par le génial Damon Lindelof. Citez-moi une série qui vous submergera et vous emportera aussi loin que The Leftovers. Les adorateurs de la série, comme nous, le répètent à chaque fois, mais elle a tout pour elle : la magie des émotions, la beauté d’un chagrin collectif et, surtout, la sagesse de n’avoir jamais fait la saison de trop. (R. P.)

#4. Six Feet Under (2001 – 2005)

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Jamais aucune scène finale de série ne sera plus belle que celle de Six Feet Under. Jamais. Au point que ça mérite largement de regarder toute la série pour pleurer de joie et de tristesse devant ces dix magistrales dernières minutes. Qui dit meilleur finish dit série d’exception, de celles qui laissent des traces et des émotions intactes quinze ans après les avoir vues. Chaque personnage est une masterclass, les ascenseurs émotionnels sont légion et c’est l’occasion unique de voir Rainn Wilson dans un rôle encore plus déconcertant que celui de Dwight Schrute. (M. Misset)

#3. The Sopranos (1999 – 2007)

Sûrement la série qui a changé l’image de HBO pour toujours auprès du public mondial. Les histoires très réalistes de Tony Soprano et sa famille ont offert un visage différent à la mafia italo-américaine, plus dur, plus grotesque, plus dépressif, plus revanchard. La galerie de personnages totalement hors norme de la série créée par David Chase a donné une véritable marque de fabrique à ce qui devait être une série télévisée au début des années 2000.

Véritable crève-cœur decrescendo jusqu’à son final toujours controversé 15 ans après, Les Sopranos est un monde à part entière, une famille qui ne disparaîtra jamais malgré la mort de son génie, James Gandolfini, qui était vraiment devenu Tony Soprano avec le temps. Le New Jersey nous a jamais autant manqué. (A. Chapuis)

#2. The Wire (2002 – 2008)

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Sur les 5 saisons de The Wire, David Simon (ex-journaliste) et Ed Burns (ex-policier) ont réussi le travail colossal de dépeindre les dessous d’une ville, Baltimore, rongée par la délinquance, la pauvreté et le fatalisme. Plus qu’une série policière, c’est une radiographie détaillée de tout ce qui ne va pas dans l’Amérique post-11-septembre et ses institutions (police, politique, éducation, journalisme, crise de l’emploi, désindustrialisation).

Une merveille de narration – exigeante, certes – portée par des personnages attachants et sans manichéisme, inspirés pour la plupart de véritables figures locales. Cela donne à la série son cachet réaliste si particulier, probablement ce qui a séduit Barack Obama dont c’est le show préféré. 20 ans après sa première diffusion, l’œuvre de Simon et Burns est toujours un objet vénéré de la pop culture, particulièrement dans le milieu du rap, qui continue de perpétuer son héritage en multipliant les références. Tout simplement culte. (A. S.)

#1. Watchmen (2019)

C’est un choix qui va faire débat, on le sait et on l’assume, parce qu’à Konbini, on n’a pas peur d’être audacieux, surtout face à un tel chef-d’œuvre. Watchmen rassemble pour nous l’ADN et les valeurs de notre rédaction, aussi bien artistiques que narratives, sociales voire politiques. D’abord, à travers l’aspect pop des comics originaux d’Alan Moore, Dave Gibbons et John Higgins, qui traitent les super-héros comme des hommes et femmes normaux·ales : ils et elles connaissent le doute, l’échec, la peur d’affronter leurs démons intérieurs et l’impuissance face à des figures démiurges comme le Dr. Manhattan.

Ensuite, et n’en déplaise au vieillissant et très conservateur Moore, parce que Damon Lindelof est parvenu à raccrocher une histoire écrite en pleine guerre froide au monde moderne, avec une adaptation particulièrement engagée et pertinente qui traite des violences policière, du racisme au sein de la société américaine et des disparités de la justice sociale. Après Lost et The Leftovers, deux séries qui ont marqué l’histoire du petit écran, le showrunner va encore plus loin avec une œuvre qui a carrément impacté l’Histoire des États-Unis. Depuis sa représentation du massacre de Tulsa dans Watchmen, ce tragique événement apparaît désormais dans les livres d’éducation. La mini-série a donc largement dépassé le cadre du divertissement et de l’uchronie, et s’impose comme une œuvre nécessaire et politique à l’égard de la représentation des minorités noires et afro-américaines.

Enfin, Watchmen n’a pas à rougir face à ses concurrents en termes de qualités artistiques et narratives. Au contraire, la mini-série de Lindelof est parsemée de fulgurances de mise en scène et de jeux (Regina King, impériale et bouleversante dans le rôle d’Angela Abar), comme en témoigne l’épisode 6, magistral, véritable relecture et déconstruction du mythe américain blanc. Pour nous, Watchmen est tout simplement révolutionnaire sur plusieurs points, comme le furent à leur époque Les Soprano, The Wire, Girls ou encore Game of Thrones. La série coup de poing d’une génération en ébullition, et notre coup de cœur parmi les œuvres incontestablement prestigieuses de HBO. Et pour reprendre une dernière fois leur slogan emblématique : “It’s not TV, it’s Watchmen.” (A. D.)

Cet article a été coécrit par Delphine Rivet, Manon Marcillat, Adrien Delage, Robin Panfili, Aurélien Chapuis, Donnia Ghezlane-Lala, Marie Misset, Abdallah Soidri et Arthur Cios.