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Ce que Cinquante Nuances de Grey a bouleversé dans nos sexualités (oui, oui)

Ce que Cinquante Nuances de Grey a bouleversé dans nos sexualités (oui, oui)

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Par Antonin Gratien

Publié le , modifié le

Boom des sextoys, rapport plus décomplexé au BDSM…

Qui l’eut cru. Les amours très “torturés” d’Anastasia Steele et Christian Grey auraient influencé les habitudes de son public, jusque sous la couette. Un effet collatéral du succès planétaire de la saga Cinquante Nuances de Grey, pionnière du “mom porn”. D’abord autoédité sur Internet via le site perso de la romancière E. L. James, ce récit teinté de BDSM soft a d’abord explosé les compteurs des ventes littéraires, avant de se muer en carton cinématographique. Focus sur les conséquences parfois surprenantes d’un game changer de la tradition érotico-littéraire.

Fouette-moi (si tu peux)

Au cas où vous ne feriez pas partie des initiés, Cinquante Nuances de Grey nous entraîne aux côtés d’Anastasia Steele. Une étudiante en littérature anglaise qui (coup de pot ? Malchance ?) se trouve contrainte d’interviewer à la place de sa colocataire tombée malade un richissime chef d’entreprise. Son nom ? Christian Grey.

Grosso modo, Madame veut sortir avec lui tandis que notre milliardaire, de son côté, espère l’employer à titre de “soumise” officielle. Car oui, le magnat goûte au BDSM. Pour définir les codes de leurs relations, ces deux protagonistes signent un contrat du type : “J’ai le droit de te fouetter mais…”. Bon. Les clauses de cet accord sont modifiées, amendées, restituées au gré de l’évolution du rapport (évidemment ambiguë) entre Anastasia et Christian.

Au menu : des fessées, des punitions, des jeux de cordes. Quelques boules de geisha, une paire de menottes. Mais aussi beaucoup de sorties fancy (Grey est milliardaire, n’oublions pas), une session kidnapping et in fine… Un mariage heureux. Lequel n’impliquera plus de “jeux” de domination, et s’accompagnera de l’arrivée de deux bambins Grey. Clap de fin. Ils vécurent heureux… Etc., etc.

Libération des mœurs

Dans la foulée de la diffusion des livres, puis des films Cinquante Nuances de Grey une foule de témoignages ont fleuri ici et sur Internet. Le maître mot ? É-man-ci-pa-tion vis-à-vis des carcans traditionnels de la sexualité mainstream. Alors que de nombreux lecteurs ou spectateurs pensaient le BDSM réservé au monde confidentiel des donjons “kink”, beaucoup ont découvert, pas-à-pas (et comme Anastasia), les secrets ravissements de la domination soft. Praticable à la maison, avec du matériel basique.

Et le matériel justement, parlons-en. L’adaptation sur grand écran du best-seller érotique a littéralement “fouetté” les ventes de sextoys. Masques, cravaches, rubans de bondage… Selon une étude réalisée par IBISWorld, les Américains ont dépensé près de 608 millions de dollars dans ce secteur en 2013 – un chiffre qui aurait été dopé à hauteur de 7,5 % par “l’effet Cinquante Nuances de Grey”. Sentant l’opportunité à saisir, certains love store se sont empressés de commercialiser la gamme officielle du best-seller, éditée avec l’approbation de E. L. James.

Les sex-shops pourraient-ils bientôt bénéficier à nouveau de l’aura de la saga, si un nouvel opus venait à paraître en salles obscures ? Sans doute. Nombreux étaient les fans à espérer l’arrivée d’un quatrième film, après le succès de Cinquante Nuances plus claires en 2018. Problème : les péripéties d’Anastasia et Christian sont belles et bien terminées.

E. L. James a bouclé leur idylle avec la parution, à l’été dernier, de More Grey, le dernier ouvrage de la trilogie contée du point de vue de Christian (la première trilogie l’ayant été de celui d’Anastasia). Après avoir accompli sa petite révolution dans la chambre à coucher de ses fans, il semblerait que Cinquante Nuances doive passer le relais. Reste à savoir qui pourrait reprendre le flambeau…