Ils ont tout vécu en 5 ans : 4 montées de division, une coupe d’Ariège soulevée, des éliminations suspectes sur tapis verts, des cris racistes, des arbitres complices et même l’intervention des Renseignements généraux. Usés par cet harcèlement, les dirigeants de l’1JA Pamiers ont décidé de mettre fin à l’aventure d’une bande de potes qui voulaient juste jouer au ballon.
Cette histoire abracadabrantesque a été mise en lumière par Streetpress dans un reportage au cœur du football amateur ariégeois. Tout commence en 2014 quand Jamel (22 ans) et son pote Ismaël (22) désirent faire une équipe de foot à 11 avec leurs potes du Five. Une histoire classique sauf que le côté multiculturel de l’équipe ne va cesser de leur mettre des bâtons dans les roues. En effet, habitant tous à Pamiers (la plus grande ville du département), les coéquipiers sont encouragés par les médiateurs de leur quartier à créer une équipe 2 dans le club local, le FC Pamiers. Réponse du président : “Je ne veux pas de ces bandits, ces dealers, dans mon club”.
[ RACISME DANS LE FOOT] Depuis sa création en 2014, l’1JA Pamiers dans l'Ariège enchaînait les succès sportifs
— StreetPress (@streetpress) November 18, 2019
L’équipe a pourtant jeté l’éponge, lassée des insultes racistes des adversaires, des contrôles policiers et des magouilles du district https://t.co/ShVc6rvh14
Pas découragés, les joueurs vont créer Un Jeune Avenir et se dégoter pour coach Stéphane Mailhol, un menuisier de 51 ans. En quelques années, l’équipe va imposer une vraie dictature sportive à leurs adversaires, terminant championne tous les ans. Pourtant, les rencontres ne sont pas des parties de plaisir comme le prouvent plusieurs témoignages : insultes racistes, cris de singe et jets de banane sont régulièrement au programme de leurs déplacements. Même les arbitres s’y mettent et certains ont clairement le club dans le viseur… alors que l’entraîneur lui-même a interdit à ses joueurs de tacler. D’ailleurs, leur exemplarité est soulignée par deux victoires au challenge du fair-play du district et un article élogieux de la presse régionale.
Malgré ces déboires, l’équipe atteint le plus haut niveau départemental, mais les aventures rocambolesques se multiplient. L’entraîneur, qui accueille les rassemblements du club reçoit une visite de la police : “Il paraît qu’il y a des réunions islamistes par ici ?” se voit-il demander. Pire encore, au moment de la création du club, Jamel, dont le casier est vierge, reçoit un coup de fil des Renseignements Généraux qui l’interrogent… sur sa religion. Les autorités locales sont tendues à cause de foyers islamistes qui germent dans le coin… mais qui n’ont aucun rapport avec le club de foot.
Ce harcèlement organisé aura finalement raison du club. Les dirigeants devaient se battre juridiquement pour gagner des matches pourtant bien remportés sur le terrain. C’est le cas d’un quart de finale de coupe départementale, annoncé perdu sur tapis vert, soi-disant pour avoir aligné un joueur suspendu après avoir reçu 3 cartons jaunes. Après enquête, il s’avéra que la 3e biscotte a été ajoutée après coup. Financièrement, le club se fait torpiller, les amendes pour cartons étant systématiquement au tarif maximum. La dette de 5 000 euros de l’1JA devait être réglée en 5 fois, mais la Fédération a encaissé tous les chèques d’un coup, poussant le club à la faillite. Et fait triompher le racisme sur le football.
Edit 26/11/19 : des adversaires de l’1JA ont porté à notre connaissance des faits de violence commis à plusieurs reprises par les joueurs du club en faillite pendant la dernière saison, ce qui expliquerait également les différentes suspensions et amendes subies par le club ariégois.
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