Les fantômes que pourchassent Fionnan O’Connor ne sont pas du genre à se terrer dans des châteaux abandonnés ou dans des hôpitaux désaffectés. Atlas Obscura nous raconte les longues recherches de cet historien du whisky en quête d’archives poussiéreuses dans les bibliothèques et les plus anciennes distilleries d’Irlande. Grâce à ces données, Fionnan O’Connor compte ainsi recréer des whiskys anciens, dont les recettes sont parfois vieilles de plus de 200 ans.
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Un projet qui encense la culture irlandaise mais aussi les amateurs et connaisseurs de cet alcool, depuis longtemps associé à l’univers celtique. Afin de poursuivre sa thèse sur les whiskys fantômes, Fionnan O’Connor perçoit des financements du gouvernement irlandais et s’est associé avec la distillerie Boann afin de les recréer. Des méthodes de fabrication à l’ancienne aux ingrédients utilisés à l’époque, en passant par des alambics spécifiques, la recherche s’avère minutieuse.
“En 2014, il restait très peu d’alambics à whisky irlandais sur lesquels écrire. Même pour les amateurs de whisky, les alambics irlandais étaient un peu inconnus à l’époque”, indique Fionnan O’Connor.
Avec la disparition des dernières distilleries traditionnelles dans les années 1980, on aurait pu croire que c’en était fini de ces vieux alambics en cuivre équipés d’un tuyau spiralé qui produisaient, certes, un alcool moins pur, mais plus authentique.
Pourtant, c’est avec le retour des distilleries artisanales que ces alambics traditionnels ont fait leur retour. Les consommateurs sont aujourd’hui habitués au goût léger des blended whiskys, mais les connaisseurs apprécieront peut-être l’aspect plus liquoreux et le goût plus prononcé de celui produit avec les alambics irlandais.
“Il serait dommage que toute cette histoire et ces saveurs se perdent. Ce projet a consisté à rattraper le temps perdu”, souligne Fionnan O’Connor pour ‘IrishCentral‘.
Fionnan O’Connor n’avait donc plus qu’à tester les recettes centenaires de moût qu’il avait pu trouver jusqu’ici et qui se préparaient non pas avec de l’orge mais avec d’autres céréales, telles que l’avoine, le blé et le seigle. “Bien sûr, j’avais peur qu’ils aient un goût de merde mais ils avaient tous un goût envoûtant”, raconte le chasseur de whiskys fantômes.
Les whiskys sont ensuite transférés dans 144 fûts de vin rouge, de rhum, de sherry et de bourbon où ils vieilliront pendant cinq ans avant d’être commercialisés. Une trentaine de pontes de la distillerie irlandaise viendront ensuite goûter le produit final et émettre leur avis. Il faudra être patient avant de pouvoir goûter à un doigt de whisky fantôme, ainsi qu’à une gorgée de l’histoire et de la culture irlandaise.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.