La Coupe du monde de football et ses milliards de téléspectateurs suscitent la passion tout autour du globe et à travers les époques, entre spectacle sur le terrain et effervescence en tribunes. Durant quatre semaines, une grande partie du monde a le regard braqué sur ces 32 équipes, ces 32 nations dont les destins se croisent et qui construisent pierre par pierre, édition après édition, la mémoire collective de millions de fans de foot. Mais alors, entre le jeu, les joueurs, les buts, les matches, les actions, les scénarios, les symboles, les histoires, petites ou grandes, les tristesses, les déceptions, les joies… Qu’est-ce qui définit une belle Coupe du monde ? Et quelle est celle qui, pour vous, restera la plus inoubliable ?
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#6. Afrique du Sud en 2010
Évidemment, c’est enfoncer une porte ouverte lorsqu’on est Français que de désigner cette édition 2010 qui nous laissera un goût amer encore un petit bout de temps, pour ne pas dire à tout jamais. Certes, il y a eu dans ce Mondial sud-africain quelques réjouissances, comme le fait de la voir (enfin) disputée sur le sol africain, ou de voir l’Espagne concrétiser sa domination idéologique sur le football de clubs par ce titre mérité. On se souviendra aussi de la main salvatrice de Luis Suarez face au Ghana, du tournoi incroyable de Diego Forlan avec l’Uruguay, ou encore du but fantôme de Frank Lampard face à l’Allemagne comme des moments forts. Mais ne serait-ce que pour avoir permis à une Coupe du monde de se jouer avec un ballon de plage, j’ai nommé l’odieux Jabulani, 2010 mérite sa place en queue de peloton.
#5. Russie en 2018
Alors oui, on a gagné, mais est-ce que cela doit nous faire omettre tout le reste ? À savoir qu’en à peine plus de quatre ans, le Mondial russe a déjà plutôt mal vieilli, avec son empreinte carbone énorme en raison d’équipes obligées de multiplier les trajets longue distance, au sein d’un pays qui avait déjà lancé sa stratégie d’expansion territoriale en Crimée. Ça, c’est pour l’aspect extra-sportif. Mais même sur le terrain, ce fut relativement inégal. On gardera en souvenir quelques matches mémorables (le Portugal-Espagne en poule, France-Argentine et Belgique-Japon en 8e de finale), mais assez peu d’équipes vraiment emballantes hormis la Belgique (meilleure attaque du tournoi, 10 buteurs différents), sans compter que presque la moitié (43 %) des 169 buts de la compétition est marquée sur coup de pied arrêté.
#4. Corée du Sud et Japon en 2002
Parce qu’il faut être tout à fait honnête, se hyper pour une Coupe du monde dont les matches commencent à 8 heures du matin pour terminer à 14 heures, c’est quelque chose de foncièrement compliqué pour les petits Occidentaux à tendance égocentrique que nous sommes. Cependant, il faut admettre que le cru 2002 a ses quelques bons arguments, dont la plupart tournent autour du storytelling beaucoup plus que l’aspect spectacle ou la qualité du jeu. Le retour de Ronaldo, après presque deux ans sans jouer, qui claque huit buts pour guider la Seleçao vers son 5e sacre. Mais surtout des surprises, beaucoup de surprises, avec les favoris français et argentins sortis dès le premier tour, avec l’épopée sud-coréenne qui se paye Italie puis Espagne au terme de matches controversés, mais aussi la présence en quart de finale de nations comme le Sénégal, les États-Unis ou la Turquie.
#3. France en 1998
Sans chauvinisme, l’une des éditions les plus disputées, à la fois pour son aspect spectaculaire (171 buts inscrits) et compétitif. Pêle-mêle, on peut citer pas moins d’une demi-douzaine de matches inoubliables de par leur intensité et/ou leur scénario (Espagne-Nigéria, Nigéria-Danemark, Angleterre-Argentine, Brésil-Danemark, Argentine-Pays-Bas, Pays-Bas-Brésil…). On se souvient aussi l’impact mémorable de certains joueurs comme Ronaldo, Batistuta, Kluivert, Suker ou encore les inventeurs de dribbles Okocha et Blanco. Le tout saupoudré de la dramaturgie nécessaire apportée par le but en or et quelques cruelles séances de tirs au but (Italie-France, Pays-Bas-Brésil).
#2. Brésil en 2014
C’est un Brésil tiraillé entre sa passion ancestrale pour le foot et ses problèmes sociétaux qui accueille une édition 2014 très attendue, car disputée au “prime” de la rivalité Messi-Ronaldo. L’Amérique du Sud n’avait plus organisé un Mondial depuis 1978 — 1950 pour ce qui est du Brésil —. Mais c’est bien une équipe européenne, l’Allemagne, qui fait main basse sur le trophée au terme d’un parcours spectaculaire, marqué notamment par un incroyable 8e de finale contre l’Algérie puis une demi-finale “all-time” où elle humilie le pays hôte (7-1). Pour tout ce qu’elle a drainé comme images fortes, du Neuer libéro au Messi finaliste déchu, la morsure de Suarez sur Chiellini, le tournoi surréaliste de James Rodriguez, les 171 buts inscrits au total (record de 1998 égalé), la chute spectaculaire de l’Espagne contre les Pays-Bas (1-5)… 2014 mérite sa place sur le podium.
#1. Allemagne en 2006
Malgré une petite moyenne de buts (147 inscrits au total), l’édition 2006 se démarque par sa concentration de matches à très haute tension durant la phase à élimination directe : Portugal-Pays-Bas, Espagne-France, Argentine-Allemagne, Angleterre-Portugal, France-Brésil, Italie-France… En termes de niveau, c’est probablement la compétition la plus intense de l’ère moderne, disputée dans une atmosphère très positive en Allemagne, avec des infrastructures de pointe. Enfin, 2006, d’un point de vue symbolique, est un carrefour entre deux générations de légendes du foot. Celles où l’on a vu Zidane, Figo, Nedved, Ronaldo, Riquelme ou Ronaldinho passer le témoin à Messi et Ronaldo. Une constellation d’étoiles presque jamais vue avec, pour épilogue, l’une des finales les plus marquantes de l’Histoire.