Assane règle ses comptes dans la partie 2 de Lupin, toujours aussi divertissante

Assane règle ses comptes dans la partie 2 de Lupin, toujours aussi divertissante

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©Netflix

Omar Sy est de retour dans la peau du héros moderne Assane Diop !

Il est conseillé d’avoir visionné la Partie 2 de Lupin avant de lire cette critique, qui contient des spoilers. 

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C’était la sensation de ce début d’année 2021. Lancée en janvier 2021, la série Lupin dépoussiérait avec bonheur les aventures du gentleman cambrioleur, confiant le rôle principal de Lupin à notre superstar frenchie Omar Sy. Le programme assumait son côté familial tout en proposant un nouveau modèle de héros, noir (fait rarissime sur nos écrans), aux jeunes générations en France, mais aussi à l’étranger, la série ayant eu un grand retentissement international. On prend les mêmes et on recommence pour cette partie 2, suite et fin de la première saison, composée de cinq épisodes et mise en ligne ce vendredi 11 juin. 

Souvenez-vous, on avait laissé Assane Diop dans de beaux draps, à Étretat. Alors que les fans d’Arsène Lupin se réunissaient pour partager leur amour du personnage créé par Maurice Leblanc, notre justicier moderne voyait son fils, Raoul (Etan Simon), enlevé sous ses yeux par un homme de main de sa Némésis, le riche et puissant Hubert Pellegrini (Hervé Pierre). Cette partie 2 reprend dans la foulée de la scène d’enlèvement. Pour la première fois, Assane s’est fait doubler et c’est sa famille qui en paie les pots cassés. Il ne contrôle plus les événements et est à deux doigts de tout perdre… Heureusement, il pourra compter sur des aides inattendues et fomenter un nouveau plan audacieux pour enfin, faire tomber le criminel en col blanc responsable de la mort de son père. 

On retrouve dans cette deuxième partie, toujours écrite par George Kay, tout ce qui fait le sel de Lupin : le charisme d’Omar Sy, dont le personnage est davantage mis en danger que dans la première partie (l’acteur joue donc sur une palette d’émotions plus grande), des scènes d’action rondement menées et divertissantes (notamment dans les catacombes de Paris puis le grand final au théâtre du Châtelet), et la mise en place des “entourloupes”, toujours aussi fun à visionner. La balade parisienne (plus crédible que dans Emily in Paris) nous emmène une nouvelle fois aux quatre coins de Paris, du parc des Buttes-Chaumont à Denfert-Rochereau.

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Sans surprise, la fiction pèche toujours aux mêmes endroits. Elle demeure formatée (retournements un peu trop prévisibles, personnages plutôt binaires) pour une diffusion d’une grosse chaîne en prime time (comme TF1). Côté personnages féminins, si Juliette Pellegrini, le personnage incarné par Clotilde Hesme a davantage de scènes à se mettre sous la dent dans cette partie qui développe sa relation avec Assane, celui de Claire (Ludivine Sagnier) est une nouvelle fois réduit à sa fonction maternelle et d’ex, que notre héros aimerait reconquérir pour former sa famille. La série n’est pas moderne sur tous les tableaux.

Lupin reste en revanche des plus tranchantes et malignes quand il s’agit d’intégrer dans ses intrigues les privilèges des riches (souvent des hommes blancs, reflets de la vraie vie) et de souligner le racisme systémique, comme dans cette scène de flash-back où le jeune Assane (le prometteur Mamadou Haïdara) fait face à un luthier raciste. C’est parce que le vieil homme refuse à Claire (qui est en compagnie d’Assane, ce qui ne lui plaît pas) de lui louer un violon que l’adolescent commet son premier “vol” (il comptait remettre l’instrument à sa place).

 

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Il ne s’agit pas de faire l’apologie du vol évidemment, mais dans une société qui ne veut pas reconnaître son racisme et ferme les yeux sur les injustices dont sont victimes dès leur plus jeune âge de nombreux·ses Français·e·s issu·e·s des minorités, quelles solutions s’offrent à eux et elles pour accéder à une égalité des chances ? Suite à cette affaire, le jeune homme évite de justesse un renvoi de son école et donc une exclusion du système scolaire. Ce genre de mécanismes a été analysé aux États-Unis, et mis en scène dans la série Grand Army (qui parle elle aussi de musique) : vous ne paierez pas une erreur de jeunesse de la même façon, si vous êtes une personne blanche ou racisée.  

C’est l’atout majeur de Lupin : l’air de rien, derrière ses dehors de série d’action populaire, la série pointe du doigt le racisme systémique de la société française, et demande des comptes aux riches. Si les agissements de Hubert Pellegrini (dans cette partie, il fomente de détourner les fonds d’une ONG créée par sa fille et destinée à promouvoir l’égalité de l’accès à la culture) vous paraissent too much pour être réalistes, détrompez-vous. Le charity-business s’est développé à vitesse grand v dans les pays riches de la planète, dont la France, alors même que les inégalités augmentent, et des dérives (corruption, détournement de fonds) ont été observées

Si Lupin manque parfois de cohérence et sacrifie quelque peu ses personnages secondaires sur l’autel de son gentleman cambrioleur, elle remplit sa mission de divertissement intelligent une nouvelle fois haut la main. La partie 3, déjà annoncée par Netflix, devrait rebattre les cartes, après le final d’une saison 2 dans lequel Assane a finalement réglé ses comptes avec son ennemi. On sera là pour découvrir les prochaines aventures de ce justicier/voleur des temps modernes. 

Les deux parties de Lupin sont disponibles sur Netflix.