À l’approche de ses 25 ans, Sandra Gomes sentait que son besoin de s’exprimer prenait de plus en plus de place. S’avouant “pas très loquace” et “assez introvertie”, elle s’est tournée vers la photo, un outil idéal “pour raconter des histoires sans parler”. Ces histoires qu’elle raconte concernent la culture qui l’anime depuis son enfance et les personnes “qui œuvrent pour la faire vivre”, les rappeur·se·s et chanteur·se·s, dont Aya Nakamura, et leur équipe.
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“J’écoute du rap depuis que j’ai 10 ans. C’était mon refuge, comme pour beaucoup d’autres jeunes qui ne se sentaient pas écoutés et représentés autrement que par cette musique. Pendant longtemps, c’était aussi un moyen de m’évader. En grandissant, j’ai pris conscience de l’importance d’avoir des modèles, des références et des discours qui rassemblent.”
Luv Resval. (© Sandra Gomes)
Depuis cinq ans, Sandra Gomes (qu’on entend également aux côtés de Mehdi Maïzi dans Le Code : Review) immortalise cette passion et celles et ceux qui la partagent, qui participent à la faire grossir et évoluer. Elle crée ainsi la représentation qui lui manquait plus jeune et apporte sa “pierre à l’édifice” de l’industrie du rap en immortalisant ses rencontres, “entre les plateaux de tournages, les concerts ou les sessions studios”. “Je voulais documenter nos vies”, nous écrit-elle.
Consciente que le milieu fait rêver et peut paraître inaccessible, Sandra Gomes est avide de partage, elle veut “montrer aux gens ce qu’ils auraient vu de leurs yeux s’ils avaient été là, ni plus ni moins”. Pour cela, elle travaille au numérique, plutôt en couleur, sur le vif et le plus discrètement possible, “souvent en ninja”, note-t-elle, dans le but d’offrir “du vrai”. “Ma quête, c’est le réel.”
Geeeko et Coyote Jo Bastard. (© Sandra Gomes)
Cette réalité chérie consiste en des moments de gloire et de bonheur, mais aussi de doutes, de peur et de vulnérabilité. En témoigne une de ses photos fétiches, datant de 2019. On y voit Laylow, après un concert lyonnais : “Il venait de finir un show de malade, il était en train de demander à ses gars ce qu’ils en avaient pensé. C’était touchant et surprenant de le voir presque vulnérable après avoir été une rock star sur scène.”
Rappelant que, aujourd’hui, Laylow “remplit des Bercy” et que “tous ceux qui étaient là ce jour-là savaient que ça allait se passer comme ça”, Sandra Gomes appuie, en mots et en images, le pouvoir de la solidarité, de l’espoir et de la confiance, indispensable à toute réussite artistique.
Laylow, après son concert au Ninsaki de Lyon, en 2019. (© Sandra Gomes)
Exposées à Lyon, d’où elle vient, les images de Sandra Gomes visent à montrer “la passion, à quoi ça ressemble de créer, douter, partager”, bref “la vraie vie des artistes”, tout en créant “un sentiment d’union et de proximité“, en cassant “le mur entre le [public] et l’art”.
Dans le but d’offrir une vision dense et plurielle du travail de l’image et de l’industrie du rap, son exposition “Rap Reporter” présente également le travail de Noé, photographe et graphiste, un live signé Okis, la “dernière révélation rap” de Sandra Gomes, et un talk sur les métiers de l’image dans le rap avec la photographe Liesel et la réalisatrice Fatim Aliyah Ndiaye.
© Sandra Gomes
Ninho. (© Sandra Gomes)
Infinit et Alpha Wann. (© Sandra Gomes)
Aya Nakamura. (© Sandra Gomes)
Dopebwoy, Oboy et Aya Nakamura. (© Sandra Gomes)
Sage Pee. (© Sandra Gomes)
Bakari. (© Sandra Gomes)
Gorjuice. (© Sandra Gomes)
A2Z. (© Sandra Gomes)
Nayra. (© Sandra Gomes)
Damso. (© Sandra Gomes)
Madd. (© Sandra Gomes)
Kobo. (© Sandra Gomes)
L’exposition de Sandra Gomes est visible jusqu’au 2 mars 2023 au Boomerang, à Lyon, dans le cadre du projet “She Made”, “qui vise à mettre en lumière les femmes créatrices, artistes, actrices de la culture urbaine”, initié par le média La Ligue.