Le ministère de la Culture a donné pour mission au Centre national de la musique (CNM) d’étudier le business des faux streams. Après dix-huit mois de travail, un bon morceau de la partie immergée de l’iceberg a été dévoilé.
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D’après le communiqué que vient de publier le CNM, en 2021, au moins entre 1 et 3 milliards de streams sont faux, ce qui représente 1 à 3 % du total des écoutes. Deezer, Qobuz et Spotify sont les trois plateformes de streaming qui ont accepté de travailler avec le CNM. “Il faut en revanche regretter que des acteurs comme Amazon Music, Apple Music et YouTube n’aient pu ou souhaité partager leurs données suivant le périmètre d’observation défini, malgré toutes les garanties de confidentialité que le CNM leur apportait.”
Dans son analyse, le CNM précise que 80 % des morceaux en dehors du top 10 000 des titres les plus écoutés sont liés à cette fraude. Deux hypothèses sont mises en avant : “Soit les titres les plus écoutés sont proportionnellement moins concernés par ces pratiques frauduleuses, soit ils sont l’objet de techniques de fraude plus difficilement détectables”, notamment en privilégiant le volume d’écoute à long terme plutôt qu’en créant des pics de streams.
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Le rap : grand méchant ?
Quand le CNM analyse les détails récupérés sur Spotify et Deezer, l’acteur majoritairement frauduleux, c’est le rap. 84,5 % des faux streams détectés sur Spotify et 27,7 % de ceux détectés sur Deezer sont liés à cette musique. Le CNM souligne que ces statistiques sont logiques “puisque le hip-hop et le rap sont les genres les plus écoutés”. Plus de 50 % du top 10 000 Spotify et 40 % de celui de Deezer sont des morceaux de rap. “Rapportés au nombre total d’écoutes, ces streams frauduleux ne représentent qu’un très faible pourcentage, 0,4 % sur Spotify et 0,7 % sur Deezer, quand la part des streams détectés comme frauduleux sur l’ensemble des écoutes d’un genre donné est nettement plus élevée sur les musiques d’ambiance (4,8 % sur Deezer).”
Certains collaborateurs n’ayant pas accepté de participer à l’enquête, le CNM souligne qu’il est “certain que la réalité des faux streams dépasse ce qui est détecté”.