De 2016 à 2020, Elizabeth Waterman a écumé les strip-clubs de Mexico, Miami, Los Angeles, la Nouvelle-Orléans, New York et Las Vegas. La photographe américaine a été à la rencontre de femmes qui expriment leur sexualité et leur sensualité toutes les nuits, sur une estrade ou dans des salons plus intimes.
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Grâce à la confiance qu’elle a su faire naître chez les danseuses, elle a pu les photographier sous toutes les coutures : lors de lap dances, de pole dances, dans leurs loges et à la fermeture, quand elles comptent leurs pourboires. Avec bienveillance, Elizabeth Waterman a tâché de témoigner de leur quotidien sans fard, des portraits posés avec leurs enfants à l’effervescence d’une performance.
Brilliant laughing, Treasures Gentlemen’s Club, Las Vegas, Nevada, 2018. (© Elizabeth Waterman)
Une célébration de la force des strip-teaseuses
“Les médias ont longtemps qualifié les strip-clubs de vulgaires repaires de mauvaise réputation. La vérité, c’est qu’il y a beaucoup de nuances à apporter à cette culture […] Ces danseuses sont des athlètes compétitives et des performeuses accomplies. Elles sont aussi des femmes qui usent de leur profession pour payer leurs dettes estudiantines, pour élever leurs enfants, s’acheter une maison ou lancer une entreprise”, écrit la maison d’édition XYZ Books, qui publie la série Moneygame de Waterman dans un bel ouvrage.
L’intention de la photographe américaine était d’apporter ces nuances et d’aborder différemment cette culture stigmatisée. L’artiste voulait célébrer la force de ces travailleuses dans des portraits honnêtes – et elle savait bien que ce ne serait pas facile.
Posing for the camera, Sin City Cabaret, Bronx, New York, 2017. (© Elizabeth Waterman)
“Souvent, les photographes dans les strip-clubs sont des hommes embauchés par le patron pour prendre des photos promotionnelles qui iront sur Instagram. Ces images-là sont très sexualisées et ressemblent à des photos de porno – et je n’ai rien vu de tout ça là-bas”, explique-t-elle à Huck Magazine.
Elle a donc mis un certain temps à nouer une relation de confiance avec chacune d’entre elles, au sein des différents établissements qu’elle a sillonnés. Elle restait des mois dans les loges des clubs, à observer et gagner la confiance des danseuses.
Au total, Elizabeth Waterman aura visité 25 strip-clubs pour rendre compte de la splendeur et du quotidien de ces femmes. Au fil de ses rencontres, la photographe prenait conscience qu’elle était un témoin privilégié de leurs luttes internes et de leurs combats contre le monde extérieur. Elle se rendait compte, aussi, que son projet allait plus loin qu’une simple chronique de leur vie à un instant T. “Je veux que le monde les voie comme moi je les vois, autonomes, indépendantes et belles”, conclut-elle pour Huck.
Mona Marie, Club W, Bronx, New York, 2019. (© Elizabeth Waterman)
Getting stage-ready, Show Palace Gentlemen’s Club, Queens, New York, 2017. (© Elizabeth Waterman)
© Elizabeth Waterman
Gem and Tokyo, Show Palace Gentlemen’s Club, Queens, New York, 2017. (© Elizabeth Waterman)
© Elizabeth Waterman
Table dance, Sam’s Hofbrau, Downtown Los Angeles, California, 2019. (© Elizabeth Waterman)
Dollars in hand, G5ive, Miami, Florida, 2019. (© Elizabeth Waterman)
Dollars on the floor, Crazy Girls, Hollywood, California, 2019. (© Elizabeth Waterman)
Siren blowing smoke, Treasures Gentlemen’s Club, Las Vegas, Nevada, 2018. (© Elizabeth Waterman)
Backbend, G5ive, Miami, Florida, 2019. (© Elizabeth Waterman)
On Stage, Club W, Bronx, New York, 2018. (© Elizabeth Waterman)
Moneygame, d’Elizabeth Waterman, publié aux éditions XYZ Books.
Moneygame d’Elizabeth Waterman est publié aux éditions XYZ Books. Vous pouvez suivre son travail sur son compte Instagram.