500 ans après sa mort, Léonard de Vinci est toujours considéré comme l’un des artistes les plus importants de la peinture occidentale. Ses œuvres continuent d’être passées au crible par des armées de scientifiques, à la recherche continuelle des secrets de fabrication cachées sous ses toiles, La Joconde, La Cène ou la myriade de ses œuvres moins célèbres.
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Des équipes italo-autrichiennes de chercheur·se·s ont eu l’idée de s’intéresser aux histoires de sept dessins du maître toscan, de leur création à nos jours. Pour ce faire, plutôt que de les numériser, elles ont séquencé l’ADN accumulé à leur surface afin de “cartographier les microbiomes de bactéries et de champignons qui racontent les récits fascinants de leur cycle de vie”, rapporte Wired.
© Piñar et al./”Frontiers in Microbiology”
L’ADN : un véritable historique
La recherche avait pour but d’étudier les réactions des œuvres au temps, aux restaurations et aux changements de lieux – permettant peut-être par là même de juger quelle méthode de conservation privilégier à l’avenir. De simples dessins peuvent ainsi englober de nombreuses informations, concernant “les zones géographiques où ils ont transité ainsi que […] les mains des restaurateurs par lesquelles ils sont passés”, explique Sciences et Avenir.
Les équipes ont par exemple noté que les mêmes microbes étaient présents selon les lieux de conservation des dessins : “On a vu des similarités entre les dessins situés à Turin et entre les dessins situés à Rome”, confie la microbiologiste Guadalupe Piñar. Cette découverte signifie que l’étude ADN d’une œuvre permettrait bien de connaître son histoire et suivre ses déplacements.
© Piñar et al./”Frontiers in Microbiology”
Des dessins marqués par la notoriété de leur auteur
Première grosse surprise pour les équipes : davantage de bactéries ont été trouvées à la surface des dessins que de champignons. Cela ne vous semble peut-être pas constituer une information capitale, elle a pourtant été renversante pour les scientifiques, sachant qu’il était jusque-là admis dans la communauté scientifique que c’étaient les champignons qui peuplaient majoritairement les “vieux papiers”.
Ce renversement ne remettrait pas en question tous les fondements des historien·ne·s de l’art, il serait plutôt lié à la “célébrité de Léonard”. Chacun de ses travaux ayant fait l’objet d’une attention accrue, ils sont tous passés entre de nombreuses mains à travers les siècles : d’où cette prolifération de bactéries “typiques du microbiome humain”.
Ont également été trouvées des bactéries “spécifiques aux intestins de mouches”, signifiant que des insectes avaient déféqué sur ces œuvres d’art, à une époque où elles étaient sûrement peu considérées. Le chemin parcouru par ces dessins rappelle l’ascension de la gloire du peintre.
“Aujourd’hui, selon la façon dont ces dessins sont conservés, il serait impossible que des insectes viennent faire leurs affaires dessus”, précise Guadalupe Piñar. Les scientifiques font rêver les passionné·e·s – avec des pincettes – soufflant que l’ADN de Léonard de Vinci pourrait bien se trouver sur ces dessins, sans qu’on ne puisse savoir de quelles traces il s’agit.
© Piñar et al./”Frontiers in Microbiology”