L’année a été particulièrement remplie pour la photographe Farah Al Qasimi. Désormais installée à New York, la jeune femme d’origine émiratie a présenté cette année ses œuvres à la foire d’art contemporain suisse Art Basel qui a eu lieu en juin, puis dans une galerie de la prestigieuse université du Massachusetts Institute of Technology d’août à octobre. Pour finir en beauté l’année 2019, une partie de ses travaux est présentée au Centre photographique de Houston (Texas), dans le cadre de l’exposition “Open Arm Sea”.
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On y retrouve les thèmes de prédilection et le style reconnaissable de l’artiste. Celle qui a passé son enfance à Abou Dabi place les Émirats arabes unis au cœur de son œuvre, “un monde hyper-coloré” tel qu’elle le décrivait au New York Times l’été dernier. Naturellement, l’usage de la couleur est devenu une partie significative de son travail, bien qu’elle ait commencé la photographie avec le noir et blanc :
“Je prenais beaucoup d’images en noir et blanc très anxiogènes. Je ne me sentais pas particulièrement proche de la photo jusqu’à ce que je me mette à la couleur. Je suis tombée amoureuse de la qualité transformative de la photo couleur.”
“M Napping on Carpet”, 2016. (© Farah Al Qasimi)
Farah Al Qasimi place ses univers ultra-colorés au sein du cadre domestique, dans des intérieurs cossus où la lumière et la matière sont des personnages cruciaux. Avec ses images, elle interroge une sorte de “quatrième mur” inhérent à la photo, mise en scène et créée pour être vue.
À travers ses photographies, l’artiste fait entrer son public dans des jeux de cache-cache savamment orchestrés. Les visages disparaissent, les tissus se fondent dans le décor, une ombre remplace un corps et, à y regarder à deux fois, il y a toujours des détails, voire des personnages, cachés dans ses images.
“Falcon Hospital 2 (Blue Glove)”, 2016. (© Farah Al Qasimi)
La photographe s’amuse également à renverser les attentes. Ses scènes fragmentées, surréalistes et pleines de contrastes visent à répondre aux questionnements de la jeune femme sur la représentation de son pays d’origine, à destination de celles et ceux qui y habitent et d’autres qui n’y ont jamais mis les pieds.
“Mon interrogation principale consiste à me demander comment photographier ce qui n’est pas ‘photographiable’, comment parler des aspects les plus complexes d’un endroit sans utiliser le langage verbal ?”
Créée par une artiste de moins de 30 ans, l’œuvre de Farah Al Qasimi explore de manière conceptuelle les frontières et les traverse physiquement – et cela ne semble pas près de s’arrêter.
“Aviary”, 2019. (© Farah Al Qasimi)
“Baba at Home”, 2017. (© Farah Al Qasimi)
“Closed Kiosk, Purple”, 2019. (© Farah Al Qasimi)
“Ghaith at Home”, 2016. (© Farah Al Qasimi)
“Gurdwara Nanak Darbar Sahib (Kansas)”, 2017. (© Farah Al Qasimi)
“Living Room Vape”, 2017. (© Farah Al Qasimi)
“Open Arm Sea”, l’exposition de Farah Al Qasimi, est visible au Houston Center for Photography jusqu’au 12 janvier 2020.