Pourquoi il ne faut pas hurler la chute de la blague d’un humoriste avant qu’il l’ait finie ?

Pourquoi il ne faut pas hurler la chute de la blague d’un humoriste avant qu’il l’ait finie ?

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(© Getty Images)

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Par Marie Misset

Publié le , modifié le

La viralité a-t-elle tué le stand-up ?

Il y a quelques semaines, on vous racontait comment des trends TikTok pourrissaient certains concerts. Passé les quinze secondes d’un extrait d’une chanson devenue virale sur TikTok, le silence du public est assourdissant. Un nouveau public attiré par la viralité d’un refrain qui ne connaît donc pas la suite de la chanson ni le reste de l’œuvre d’un artiste.

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D’après un thread Twitter de Florian Guadalupe, journaliste à Puremédias, les musiciens ne sont pas les seuls à accueillir un public pas tout à fait rompu aux règles élémentaires du spectateur. Il raconte ainsi être allé voir le 28 décembre le spectacle de Paul Mirabel à l’Olympia, entouré de fans hardcores – mais pas hyper respectueux – de l’humoriste.

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Certains connaissaient des bouts de spectacle et tenaient à le faire savoir : ils hurlaient la chute du sketch concerné avant la fin ou la chuchotaient très fort à leurs voisins – la gâchant pour les autres par la même occasion. Une autre, raconte notre témoin, a demandé un sketch précis à Paul Mirabel qui a gentiment répondu qu’il n’était pas un jukebox, sans pour autant réussir à faire taire la spectatrice qui a continué à demander son sketch à elle, celui qu’elle était venue voir.

Le lien entre les spectateurs de concerts qui ne connaissent que vingt secondes d’une chanson et ceux qui hurlent la chute des blagues avant les humoristes semble peut-être ténu, mais il a sans doute un rapport au fait qu’on traite de plus en plus les artistes comme des objets de consommation. Comme un article qu’on aurait commandé en ligne, le plaisir doit être quasi immédiat : un humoriste doit nous faire rire vite avec la blague qu’on a demandée.

La chute du fil Twitter nous rassure quand même sur la capacité des artistes – enfin, en tout cas celle, de Paul Mirabel – à rebondir et à offrir aux spectateurs des choses qu’ils n’avaient pas commandées.