“80 milliards d’animaux terrestres sont utilisés et mangés par les hommes chaque année”, rapporte la photographe Jo-Anne McArthur. Aux côtés de Keith Wilson (cofondateur de Photographers Against Wildlife Crime), du photographe David Griffin et de l’acteur Joaquin Phoenix (végan depuis ses trois ans), elle signe un ouvrage saisissant. Intitulé Hidden, le livre met en lumière les conditions de vie (et de mort) des tonnes d’animaux qui se retrouvent dans nos assiettes et sur nos vêtements, pour finir dans nos poubelles.
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Les 320 pages de cet ouvrage de photos (majoritairement couleur) emportent le lectorat aux quatre coins du monde, d’une exploitation de volailles finlandaise à un marché aux poissons thaïlandais, en passant par un abattoir équin mexicain et une ferme laitière polonaise, entre bien d’autres lieux. Les images servent de “documents historiques et mémoriels qui appellent à l’action”, affirment les photographes. Même son de cloche du côté de Joaquin Phoenix, qui signe la préface. Pour lui, ces preuves visuelles sont “un rappel virulent de notre comportement impardonnable envers les animaux, qui servira à orienter le changement des années à venir”.
“Une truie grogne pendant qu’on la frappe avant de l’abattre. Dans certains abattoirs asiatiques, on assomme les cochons. Souvent, les animaux ne sont pas tout à fait inconscients avant d’être égorgés”, Thaïlande. (© Jo-Anne McArthur)
La souffrance animale immortalisée au fil des pages a toujours la même origine : l’activité humaine. Le livre se concentre sur le XXIe siècle, exposant les conséquences de l’Anthropocène, soit l’“âge de l’homme”. Le terme, popularisé par le prix Nobel de chimie 1995, Paul Crutzen, et le biologiste Eugene Stoermer, renvoie à notre époque géologique où l’activité humaine a “une influence dominante sur le climat, l’environnement et l’existence terrestre”.
Quarante photographes venant du monde entier ont enquêté afin de rapporter des images souvent difficiles à soutenir. Ces dernières constituent des “preuves de l’urgence d’agir” et ce, à l’échelle mondiale. L’épidémie liée au Covid-19 et ses conséquences sociales et sanitaires renforcent l’idée que ce “livre est particulièrement important”, afin de questionner nos modes de vie et de pouvoir les modifier.
“Des chiens en cage regardent d’autres chiens se faire tuer et démembrer avant d’être cuisinés”, Cambodge. (© Aaron Gekoski)
“Dans cet abattoir, les vaches sont immobilisées à l’aide d’une lame enfoncée dans leur moelle épinière, un procédé appelé l’énuquage”, Mexique. (© Aitor Garmendia)
“La mort approche. Ce cheval a été tiré par une chaîne accrochée à son encolure et asphyxié après avoir été suspendu plusieurs minutes”, Mexique. (© Aitor Garmendia)
“Une mort peu glorieuse. Dans la cour des chevaux de l’arène d’Azpeitia, un taureau est accroché par sa patte arrière pour être saigné avant d’être découpé chez le boucher voisin”, Espagne. (© Aitor Garmendia)
“Tima, l’ours brun du cirque Gran Circo Holiday, pose pour une photo avec des enfants”, Espagne. (© Aitor Garmendia)
“Une fois les animaux tués, on retire leurs étiquettes qu’on conserve ensuite pour garder un suivi”, Espagne. (© Aitor Garmendia)
“L’habitat des troupeaux laitiers est aujourd’hui constitué de barrières en acier, de sols en béton, de carrelage aux murs et de technologies à boutons”, Pologne. (© Andrew Skowron)
“Un renard argenté dans une ferme d’animaux à fourrure, lors d’une enquête menée par Otwarte Klatki et Ekostraz. La propriété possédait 60 cages et des chiens et renards maltraités. Ils ont tous été secourus et l’exploitation a été fermée. Le propriétaire est accusé de cruauté animale”, Pologne. (© Andrew Skowron)
“L’accessoire de l’année. Des sacs confisqués faits à partir de crapauds géants”. (© Britta Jaschinski)
“Des animaux sont offerts en sacrifice à Kali, la déesse du temps, du pouvoir, de la création et de la destruction, au sein de ce temple népalais”, Népal, 2017. (© Jo-Anne McArthur)
“Une tortue agonise tandis qu’on lui tranche sa carapace. Elle mourra douloureusement et lentement de ses blessures au marché aux poissons de Taipei”, Taïwan, 2019. (© Jo-Anne McArthur)
“Un macaque se produit dans une rue passante de Jakarta”, Indonésie. (© Joan de la Malla)
“Qui sera le prochain ? Dans cet abattoir de chiens, un boucher choisit le chien qu’il va frapper à mort avec une barre en fer sous les yeux d’autres chiens”, Chine. (© Jose Valle)
“Des poussins vieux de quelques jours seulement sont entassés dans des cageots dans un couvoir industriel. Pendant leur transport jusqu’aux fermes, ils ne sont protégés ni du chaud ni du froid”, Pologne. (© Konrad Lozinski)
“Un cochon malade est laissé pour mort dans le couloir d’une ferme”, Finlande. (© Kristo Muurimaa)
“À perte de vue. Des milliers de poulets sont entassés dans une exploitation de poulets à griller”, Finlande. (© Kristo Muurimaa)
“Pour produire du foie gras, canards et oies sont gavés pour que leur foie grossisse jusqu’à dix fois leur taille normale”, Espagne. (© Luis Tato)
“Un pêcheur porte un requin jusqu’à un marché de l’île de Lombok, un des plus grands territoires exportateurs d’ailerons de requins vers la Chine”, Indonésie. (© Paul Hilton)
“Le cadavre d’un porcelet dépasse d’une poubelle cassée aux abords d’un élevage de porcs industriel. D’autres cadavres de porcelets sont visibles à travers les couvercles cassés de poubelles laissées sur le bord de la route. La ferme de Tingerup, au Danemark, est connue pour régulièrement laisser des cadavres de porcs au bord des routes”, mars 2019. (© Selene Magnolia)
“À l’intérieur de ces abris sans fenêtres, dans une ferme de poulets, plus d’un million de poules endurent leur courte vie”, Allemagne. (© Timo Stammberger)