Femmes nues avec des bouteilles de Coca-Cola à la main, mères au foyer 60’s la larme à l’œil et la cigarette au bec, perruques et faux ongles à foison, le tout sur fond de motel rose bonbon… Le Los Angeles de Nadia Lee Cohen est à la fois familier et troublant.
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Dans ces scènes cinématographiques, on reconnaît les lieux, les images et les personnages, mais on trouve toujours une subtilité et un détail dérangeants. L’Amérique fantasmée et caricaturée, c’est la griffe de cette photographe anglaise, qui l’incarne dans des portraits et autoportraits déjantés.
Sa dernière frasque photographique en date ? Les fesses de Kim Kardashian avec qui elle avait déjà collaboré pour shooter la campagne de sa marque Skims et qu’elle a grimée, cette fois-ci, en blonde peroxydée, sur fond de drapeau états-unien. Un cliché qui fait la une du numéro de septembre 2022 du magazine Interview, fondé par Andy Warhol en 1969.
Le rêve californien twisté avec un “œil moqueur européen”
Élevée dans la campagne anglaise, Nadia Lee Cohen est tombée amoureuse du paysage de Los Angeles lors de sa dernière année à l’université. Après quatre ans de vie californienne, elle continue à poser sur la ville un “œil moqueur européen”.
“Los Angeles est une énorme inspiration. Cependant, je voyage régulièrement, car si je reste trop longtemps, je finis par ne plus voir ce que j’adore dans cette ville”, nous raconte-t-elle lors d’un entretien. Autre inspiration, le cinéma. La photographe cite ainsi Stanley Kubrick, David Lynch, John Waters ou encore Quentin Tarantino.
Ce mélange de paysages californiens, de couleurs saturées et de références à la contre-culture des années 1960 et 1970 est l’essence de chacun de ses projets. On retrouve également des personnages féminins forts et accrocheurs. Dans 100 Naked Women, son premier livre photo, elle tire les portraits nus de femmes de toutes formes, dans des motels, des baignoires ou avec un hot-dog à la main.
Ce recueil était pour elle une réponse à la censure en ligne et un soutien au mouvement #FreeTheNipple. Pour son ouvrage The American Worker, elle est allée pendant dix jours à la rencontre de travailleur·se·s états-unien·ne·s, après avoir été marquée par le style d’une employée de Walmart.
Son premier personnage : elle-même
L’univers technicolor de Nadia Lee Cohen est multiforme et multimédia. Diplômée du London College of Fashion, elle collabore avec des magazines ou des marques. Elle immortalise aussi des célébrités, comme Elizabeth Olsen en héroïne hitchcockienne ou Pamela Anderson en victime de film d’horreur. Il faut rajouter à son CV des talents de réalisatrice de courts-métrages et de clips. D.R.A.M. ou Kali Uchis ont déjà fait appel à elle pour mettre en scène leur musique.
Une autre de ses spécialités est bien sûr l’autoportrait spontané, sur Instagram ou en shooting, en costume de diable, en Ronald McDonald triste ou encore en nonne avec pistolet et cuissardes rouges.
En un seul coup d’œil dans son portfolio, on comprend que Nadia Lee Cohen fait autre chose que prendre en photo cette Californie rêvée : elle la vit aussi au quotidien. En maillot de bain, parée de bijoux dorés, devant des palmiers au bord d’une piscine, ou encore en robe à paillettes devant une station essence : son travail et son personnage sont immergés dans cet univers pop et rétro, tantôt idéal, tantôt inquiétant.
“J’aime beaucoup ce que je fais et je crois que la façon dont je me présente vient naturellement, comme une extension de mon travail”, nous confie-t-elle. Quand l’art et l’artiste ne font qu’un.