Chaque mois, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Des “musées en exil”, la vie, l’amour et la mort d’Edvard Munch, une déambulation “à travers l’épaisseur de la nuit”, des artistes migrant·e·s et le travail de grandes photographes de guerre : voici cinq expositions à ne pas rater.
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“Musées en exil”, au MO.CO., à Montpellier
Le MO.CO. consacre une exposition importante “aux collections en exil”, abordant “le rôle clé des biens culturels dans la construction d’une identité par et pour des communautés déchirées”. “Pourquoi et comment des citoyens décident de créer des collections en temps de conflits ?”, questionne l’institution montpelliéraine.
Le musée réunit ici plus de 80 artistes de trente nationalités différentes ainsi que trois pays : le Chili, avec le Musée international de la résistance Salvador Allende ; la Bosnie-Herzégovine, avec Ars Aevi, la collection du musée d’Art contemporain de Sarajevo ; et la Palestine, avec la future collection de son Musée national d’art moderne et contemporain, pour le moment “déposée au musée de l’Institut du monde arabe à Paris”.
Ainsi, les œuvres “déracinées” de ces trois collections sont rassemblées dans divers espaces d’exposition et racontent une histoire de résistance, celle d’une “unité nationale”. “Trois récits, trois cas d’étude sur trois continents : l’origine et la diffusion de ces collections ont été fondamentalement des actes de résistance, de solidarité et d’espoir face au chaos et à la violence que chacun de ces territoires a traversés ou continue de vivre.”
Jusqu’au 5 février 2023.
“Femmes photographes de guerre”, au musée Libération Leclerc Moulin, à Paris
Robert Capa, James Nachtwey, Gilles Caron, Don McCullin… Dominée par les hommes, l’histoire de la photographie de guerre a pourtant connu de nombreuses reportrices qui ont travaillé dans des zones de guerre, documentant l’horreur du monde. Contrairement aux hommes, ces photojournalistes femmes avaient des accès privilégiés à l’intimité des familles locales et offraient un regard nouveau sur le pays.
Gerda Taro, Lee Miller, Catherine Leroy, Christine Spengler, Anja Niedringhaus, Susan Meiselas, Carolyn Cole, Françoise Demulder… Ce sont huit grandes photographes de guerre occidentales que le musée Libération Leclerc Moulin a décidé de mettre en avant dans une exposition qui “questionne la notion de genre, interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce”.
Sur 75 ans de conflits, l’événement présente “des aperçus intimes de la vie quotidienne pendant la guerre, des témoignages d’atrocités, des références à l’absurdité de la guerre et à ses conséquences” et ce qui se passe entre autres “à l’arrière du front” à travers “plus de 80 photographies, une douzaine de journaux et magazines originaux”.
Jusqu’au 31 décembre 2022.
“Paris et nulle part ailleurs”, au palais de la Porte-Dorée – musée de l’Histoire de l’immigration, à Paris
Le musée de l’Histoire de l’immigration place son curseur sur “l’effervescence d’après-guerre qui, de 1945 à 1972, [connut] l’émergence de nouvelles visions artistiques”. Dans l’abstraction, la figuration ou l’art cinétique, Paris se positionne comme “la capitale mondiale des arts et des avant-gardes”. “C’est encore à Paris, et, pour beaucoup, nulle part ailleurs, qu’il faut aller se former, créer, exposer, confronter son travail à celui des autres, écrire l’histoire de l’art.”
L’exposition part d’un constat : “Sur les 15 000 artistes actifs à Paris à cette époque, 60 à 65 % d’entre eux sont étrangers.” Elle détaille ensuite les mouvements de migration de ces artistes, leurs raisons et l’impact de cet exil sur leurs œuvres, en présentant 24 talents venus d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et des États-Unis, comme Ahmed Cherkaoui (Maroc), Carlos Cruz-Diez (Vénézuela), Shafic Abboud (Liban), Vera Molnar (Hongrie), Iba N’Diaye (Sénégal), Zao Wou-Ki (Chine), Alicia Penalba (Argentine), Judit Reigl (Hongrie), André Cadere (Roumanie), Maria Helena Vieira da Silva (Portugal) ou encore Hervé Télémaque (Haïti).
Quatre chapitres ponctuent l’exposition, “s’exiler, mêler sa culture d’origine et celle d’accueil, réagir à l’étrangeté du monde que l’on découvre, construire un langage universel sans frontières”, afin de raconter l’exil, “l’installation, les sociabilités, un quotidien parfois difficile dans une ville cosmopolite devenue leur nouveau foyer”, relate le musée.
Jusqu’au 22 janvier 2023.
“Outremonde: The Sleeping Chapter” de Théo Mercier, à la Conciergerie, à Paris
C’est une déambulation somnambule “à travers l’épaisseur de la nuit” qui vous attend à la Conciergerie. L’exposition de Théo Mercier, “Outremonde”, et son troisième volet “The Sleeping Chapter” vous embarqueront pour une “traversée réparatrice dans les sommeils et les rêves blessés”. Dans son travail, l’artiste se plaît à mener des réflexions autour du “paysage, de l’histoire, de l’anthropologie, de la géopolitique et du tourisme”.
Pour l’occasion, la salle des Gens d’Armes est totalement transformée en un désert “vivant”, en “un abri des rêves” et “une cathédrale des sommeils” composée d’impressionnantes sculptures de sable qui résonnent avec l’architecture du lieu. Des “lits fraîchement défaits”, “les plis des draps”, “des chiens veillant” sur les dormeur·se·s, “l’empreinte des corps” chauds, “l’écho des souffles et des pulsations”… Ces œuvres ont été pensées sur-mesure pour le lieu et sont accompagnées d’une “installation sonore et lumineuse”.
Pour vous sortir de votre torpeur parisienne, une expérience vous est proposée par le Festival d’automne à Paris. “Guidé par un enfant omniscient”, vous prendrez possession des lieux et ferez de folles “rencontres somnambules”, le temps de performances nocturnes.
Jusqu’au 8 janvier 2023. Vous pouvez profiter des performances dans le cadre du Festival d’automne jusqu’au 11 décembre 2022 (sauf le 6 décembre).
“Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort”, au musée d’Orsay, à Paris
En partenariat avec le musée d’Oslo, le musée d’Orsay dédie une exposition au grand peintre norvégien connu pour les angoisses existentielles qu’il a posées sur toile. Mais au-delà de la mort et du spleen, Edvard Munch a aussi peint la poésie, la vie, la renaissance et l’amour. C’est tout l’objet de cet événement artistique : révéler tout le génie de ce peintre souvent cantonné à son Cri.
À travers “une centaine” de peintures, dessins, gravures et estampes, l’exposition met en lumière son processus créatif singulier, les déclinaisons qu’il faisait d’un même motif ou thème, les cycles qu’il a traversés, la construction de ses grands chefs-d’œuvre, ses influences philosophiques, de Nietzsche à Bergson. Elle donne à (re)voir “dans sa globalité l’œuvre du peintre norvégien en suivant le fil d’une pensée picturale toujours inventive : une œuvre à la fois foncièrement cohérente, voire obsessionnelle, et en même temps constamment renouvelée”.
Jusqu’au 22 janvier 2023. Jeudi 8 décembre, le musée organise sa “Curieuse nocturne – Munch Live” avec des performances, des concerts (Okay Kaya, Mette Henriette), une rencontre avec Julie Beauzac, créatrice du podcast Vénus, un DJ set, des ateliers et une médiation autour de l’exposition et de la création norvégienne.