Il y a quelque chose de rassurant à feuilleter l’ouvrage Tableaux d’Iran des photographes Pauline Alioua et Chris Garvi, de lire que le duo ne photographie qu’à l’argentique – au Nikon pour Alioua et au Leica pour Garvi – et que leurs images réussissent en 2021 à trouver leur place dans un livre si grand et si joliment publié aux éditions Arnaud Bizalion.
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Ce tandem n’en est pas à sa première monographie. Après un carnet de voyage intitulé Plein cœur pour lequel, pendant un mois en juillet 2016, le binôme est parti de Marseille et a traversé les routes et les villes d’Italie, de Croatie, de Bosnie, de Hongrie, de République tchèque et d’Allemagne, Pauline Alioua et Chris Garvi ont sorti un deuxième livre, Dans le creux du manque, sur le Maroc et dans lequel les deux reviennent sur la terre de leurs aïeux·les.
“Tableaux d’Iran”. (© Pauline Alioua)
Troisième étape : l’Iran. Pour Garvi, avant de s’y rendre, “l’Iran, c’était les photos de Marc Riboud et de Gilles Peress”. Pour Alioua, les films du réalisateur iranien Abbas Kiarostami que son père lui avait fait découvrir. Des paysages cinématographiques. Une atmosphère. Enfin l’Iran, c’était surtout un pays inconnu pour ces deux photographes qui n’arrivaient pas à imaginer, “à mettre en images” ce pays découvert en train, en bus, en bateau, en avion.
Des photos-poèmes où l’on se perd
Dans la préface du livre, le photographe Jean-Christophe Béchet écrit ses mots à propos des photographies de Garvi et Alioua : “Il n’y a pas de vérité, de définition, de point de vue définitif et catégorique, il y a dans leurs images un parfum du réel.” L’Iran, c’est 1 648 195 de kilomètres carrés, un pays montagneux, mais aussi désertique où l’on retrouve tous types de climats : du caspien doux et humide au glacial de la montagne, en passant par le méditerranéen aux pluies printanières jusqu’à un côtier sec et chaud.
“Tableaux d’Iran”. (© Chris Garvi)
Ces douces appellations pour définir cette variété d’atmosphères, on les devine dans les “photos-poèmes” d’Alioua et Garvi qui nous perdent en Iran, à travers leurs cadrages, leurs couleurs, leur grain, dans des coins de rue à la tombée du jour, sur le bord d’une route ou encore au milieu d’enfants qui jouent. Les photographes n’indiquent pas les lieux visités et leur procédé marche : on ne sait plus vraiment où l’on est.
Dans l’une des tirades qu’Édouard Baer improvisait lors de la matinale qu’il animait sur Radio Nova, l’une d’entre elles tournait autour du thème du voyage, et il interpellait les auditeur·rice·s : “Quand on voyage, est-ce une fuite ou une curiosité ? Une quête ou un repli ? Une peur ? Qu’est-ce qui nous met en mouvement ? Qu’est-ce qui nous fait prendre les bateaux, les trains, les avions ?”
Cette tirade restée sans réponse trouve peut-être enfin sa résolution dans ces quelques mots de Pauline Alioua : “On est juste des voyageurs”, et c’est aussi l’impression qu’on a, d’être juste des voyageur·se·s lorsqu’on regarde les images de ces deux photographes, on parcourt le monde, leur monde, sans jugement aucun, à la recherche d’un peu de beauté, de poésie, de douceur.
“Tableaux d’Iran”. (© Chris Garvi)
“Tableaux d’Iran”. (© Pauline Alioua)
Couverture du livre “Tableaux d’Iran” de Pauline Alioua et Chris Garvi, aux éditions Arnaud Bizalion.
L’ouvrage Tableaux d’Iran de Pauline Alioua et Chris Garvi est disponible aux éditions Arnaud Bizalion.