Après le photographe qui créait des appareils photo avec tout ce qui lui tombait sous la main (potiron, chambre ou gratte-ciel) ou celui qui avait développé son autoportrait sur une algue, partons à la rencontre de Calvin Grier, un photographe américain qui développe des photos couleur grâce à de la terre collectée aux quatre coins de la planète. Auteur de nombreuses vidéos explicatives sur la technique photo, il a mis en ligne une vidéo suivant pas à pas son processus faisant de la “poussière” une matière première.
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La première étape consiste à moudre la terre collectée dans la nature en une poudre extrêmement fine. Le pigment ainsi obtenu sera mélangé à de l’eau, de la gélatine, du sucre ainsi qu’un sel d’argent sensible à la lumière pour créer une émulsion photographique – qui deviendra une pellicule photosensible. Ce mélange est à répéter avec chaque type de poussière collecté dans la nature, pour créer différentes couleurs.
Afin d’avoir à disposition les cinq couleurs de base, Calvin Grier utilise de l’ocre rouge du Maroc, de l’ocre jaune et du vert terre de la France, du noir carbone de suie et du lapis-lazuli, une pierre semi-précieuse bleue.
Une fois les émulsions prêtes, elles sont chacune versées sur des pellicules distinctes pour les recouvrir entièrement et les choses sérieuses peuvent commencer. La photo à développer, détaille PetaPixel, commence son chemin sous la forme d’un fichier RVB (rouge, vert, bleu) : “Calvin Grier crée ensuite dix négatifs représentant les différents canaux puis il les imprime sur une pellicule argentique grâce à un laser très précis.” Une exposition à l’ultraviolet permet ensuite de découvrir les teintes des différentes émulsions et de les durcir “afin de créer une image”.
Étape 1 : le mélange. (© Calvin Grier)
Le photographe plonge les différentes couches dans de l’eau chaude afin de se débarrasser de toutes les zones non exposées. C’est là que la magie commence : la photo commence à apparaître dans la teinte donnée de chaque couche. Une fois compilées, les couches forment la photo finale, en couleur.
Sachant qu’il faut environ une heure et demie pour créer une seule couche, réaliser une photo ne se fait pas en un tour de main. Le jeu en vaut cependant la chandelle puisque le résultat est d’une texture unique et, surtout, ne risque pas de bouger :
“Les pigments terrestres ont été exposés à de l’oxygène, des rayons ultraviolets et des acides atmosphériques depuis des millions d’années. […] Il n’y a donc pas de risque qu’ils se décomposent ou s’affadissent comme la plupart des pigments synthétiques. Il s’agit sûrement des photos couleur les plus durables du monde”, se réjouit le photographe.
Étape 2 : l’émulsion créée recouvre le support pour créer une pellicule. (© Calvin Grier)
Étape 3 : exposer les différents canaux à l’ultraviolet. (© Calvin Grier)
Étape 4 : tremper chaque couche dans de l’eau chaude. (© Calvin Grier)
Étape 5 : compiler les couches, et que la couleur soit ! (© Calvin Grier)
Une texture magistrale. (© Calvin Grier)
© Calvin Grier
© Calvin Grier
© Calvin Grier
© Calvin Grier
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Vous pouvez retrouver le travail de Calvin Grier sur son compte Instagram et sur sa chaîne YouTube.