Le ministère des Affaires étrangères dit avoir “été informé de l’arrestation de deux ressortissants français en Iran” dans un communiqué, sans préciser leur identité, au lendemain de l’annonce par Téhéran de l’arrestation de deux Européens “entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et déstabiliser la société”.
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Selon des sources proches du dossier, les prisonniers seraient une responsable d’un syndicat de l’enseignement et son compagnon. L’Iran est secoué actuellement par des manifestations régulières de professeurs contre leurs conditions de travail. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, entraînant d’autres manifestations pour leur libération.
“Le gouvernement français condamne cette arrestation sans fondement. Il demande la libération immédiate de ces deux ressortissants français et restera pleinement mobilisé à cette fin”, selon le Quai d’Orsay, qui ajoute que “l’ambassadeur à Téhéran a effectué des démarches […] pour obtenir un accès consulaire […] et le chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran à Paris a été convoqué au ministère”.
Les autorités iraniennes retiennent prisonniers plusieurs ressortissants étrangers, pour des motifs jugés politiques par les pays occidentaux qui considèrent que Téhéran s’en sert comme moyen de pression dans les négociations sur le dossier du nucléaire iranien ou pour desserrer l’étau des sanctions internationales.
Cette double arrestation est annoncée au moment le négociateur de l’Union européenne (UE) chargé de coordonner les pourparlers sur le nucléaire iranien, Enrique Mora, est en Iran.
Le trentenaire français Benjamin Brière a été arrêté en mai 2020 pour avoir pris “des photographies de zones interdites” avec un drone de loisir dans un parc naturel en Iran, selon son avocat. Lui s’est toujours présenté comme un touriste et dément ces accusations.
Jusqu’à l’annonce de l’arrestation jeudi des deux Français, M. Brière était le seul prisonnier étranger connu qui n’avait pas de passeport iranien. Tous les autres détenus ont la double nationalité.
Au cours des dernières années, la République islamique a procédé à plusieurs échanges de détenus avec des pays étrangers. En mars, deux Irano-Britanniques, Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anoosheh Ashoori, ont été libérés et sont retournés au Royaume-Uni, mettant fin à des années de douloureuse saga.
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah est détenue depuis juin 2019 et a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour atteintes à la sécurité nationale. Elle est aux arrêts domiciliaires depuis octobre 2020. Son compagnon Roland Marchal, également chercheur, avait été détenu avec elle avant d’être libéré en mars 2020, après que Paris eut libéré l’ingénieur iranien Jallal Rohollahnejad, dont les États-Unis réclamaient l’extradition pour violation des sanctions américaines contre l’Iran.
L’Iran est engagé depuis un an dans des négociations directes avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, et indirectes avec les États-Unis, pour relancer un accord conclu en 2015 sur son programme nucléaire, mais dont Washington s’est retiré unilatéralement en 2018.
Les pourparlers visent à ramener les États-Unis dans cet accord, notamment par la levée des sanctions contre l’Iran, et la garantie du plein respect par Téhéran de ses engagements. Après l’arrêt en mars des négociations à Vienne, l’Iran a appelé le 25 avril à une réunion “le plus tôt possible” en vue de rétablir l’accord sur le nucléaire.
Parmi les principaux obstacles figure l’exigence par l’Iran du retrait des Gardiens de la révolution, son armée idéologique, de la liste noire américaine des “organisations terroristes étrangères”, que semble rejeter le président des États-Unis Joe Biden.
Lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, avait affirmé que “le voyage de M. Mora fait avancer les pourparlers dans la bonne direction”, mais cela “ne signifie pas qu’il arrivera avec un nouveau message”.
Konbini news avec AFP