Les vêtements incinérés ou les meubles à la poubelle, c’est fini : à partir du 1er janvier, les producteurs et distributeurs de produits non alimentaires auront l’interdiction de détruire leurs invendus, une mesure qui pourrait favoriser le don aux associations.
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Dans le centre d’hébergement d’urgence Emmaüs du 14e arrondissement de Paris, la mesure de la loi antigaspillage est en tout cas vue d’un bon œil. “Savoir qu’il y a des besoins mais qu’on détruit les produits, c’est irresponsable”, souffle Saddek Hadjou, directeur de centre qui accueille 280 personnes précaires. Dans son établissement, situé dans un ancien parking, plusieurs réserves abritent les dons reçus. Dans un carton, il reste de petits colis de Noël avec des chaussons ou des accessoires estampillés du logo du Paris-Saint-Germain. Sur les étagères, des casseroles, deux fours, des brosses à dents ou encore des savons…
Autant de produits qui ne pourront plus être détruits si les entreprises n’arrivent pas à les vendre. Les produits électriques et électroniques, les piles, textiles, meubles, cartouches d’encre et les produits d’entretien, d’hygiène et de soins, sont concernés par la nouvelle loi, ainsi que les équipements de conservation et de cuisson des aliments, les produits d’éveil et de loisirs, les livres et les fournitures scolaires. Pour s’en débarrasser, les entreprises peuvent les donner. Certaines le font d’ailleurs depuis plusieurs années : en 2019 selon l’Ademe, 21 % des invendus étaient écoulés par des dons.
“Cette année, il y a déjà eu plus de dons car les entreprises se sont préparées à la loi”, indique à l’AFP Romain Canler, directeur général de l’Agence du don en nature, qui reçoit des produits de près de 200 entreprises et les distribue à un réseau de 1 300 associations. L’agence a ainsi reçu environ deux fois plus de produits qu’en 2019, assure-t-il. Les articles d’hygiène et de bien-être, qui “couvrent la souffrance” comme dit Djomo, une résidente du centre d’hébergement, sont les plus demandés. “Ça coûte cher les bons produits”, confirme Blé, arrivée en 2019 sur les conseils du Samu social. Dans le secteur, le don est déjà la solution la plus pratiquée. En 2019, 67 % des invendus dans la catégorie hygiène et soins étaient donnés.
Le groupe suédois Essity, qui détient les marques Nana ou Lotus, assure notamment qu’il distribue déjà “tous les produits d’hygiène concernés par ce texte auprès d’associations partenaires”.
Revendre, recycler ou baisser la production
Les entreprises peuvent aussi choisir de réemployer une partie de leurs invendus ou de les recycler. Chez Fnac Darty, Leroy Merlin ou Ikea par exemple, certains sont vendus moins cher dans des espaces dédiés aux produits d’occasion. Fnac Darty en revend aussi certains à des sociétés qui récupèrent les pièces détachées. “Cela fait plusieurs années qu’on a initié le processus, c’est devenu du bon sens commerçant de travailler comme ça”, explique à l’AFP Katell Bergot, directrice “seconde vie” du groupe.
De manière générale, distributeurs et producteurs se disent d’ailleurs prêts pour la nouvelle loi. Même dans l’habillement, où le taux d’invendus atteignait en 2019 quelque 4,1 % du chiffre d’affaires du secteur, soit 1,7 milliard d’euros, selon l’Ademe.
“Depuis deux ans, les enseignes ont appris à mieux anticiper la demande pour produire exactement le nombre de produits qu’on va vendre”, assure Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce qui représente les grands magasins et les enseignes de mode et de chaussures.
À long terme, Romain Canler anticipe une baisse générale des invendus. “Le but de la loi n’est pas d’aider les associations mais de réduire au maximum les quantités d’invendus”, rappelle-t-il. Il mise néanmoins sur le développement des politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour que les dons continuent d’affluer.
Konbini news avec AFP