Le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour a annoncé mardi dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qu’il avait “décidé de [se] présenter à l’élection présidentielle” d’avril 2022 pour “sauver” la France. “Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle”, a déclaré l’ancien éditorialiste du Figaro et de CNews dans une vidéo d’une dizaine de minutes intitulée initialement “Il est temps d’agir” et préparée par son équipe aux accents dramatiques et nostalgiques.
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Sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, dans une vidéo entrecoupée d’images de violences en France ou d’archives historiques, Éric Zemmour explique s’adresser aux Français qui “se sentent étrangers” dans leur “propre pays”, “pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis”.
Le polémiste de 63 ans a renvoyé dos à dos les “bien-pensants”, les “élites”, les “journalistes”, les “islamo-gauchistes” et les tenants de “la théorie du genre”. Après cette annonce tournée il y a deux semaines et qui doit être suivie d’une interview au 20 heures de TF1 (cette fois en direct), il va tenir son premier meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire “taire Zemmour”, à 13 heures dans la capitale.
Éric Zemmour “nous a vendu qu’il était le Trump français. C’est un Trump commandé sur Wish, cette plateforme de contrefaçons qui vend des trucs qui ne fonctionnent pas, qui sont faux”, a cinglé mardi sur Europe 1 Gabriel Attal. Le porte-parole du gouvernement a dit se “poser des questions sur sa capacité à représenter notre pays” après la visite chahutée du polémiste à Marseille samedi qui s’est terminée par un échange de doigts d’honneur avec une passante. Un geste “fort inélégant”, avait convenu Éric Zemmour le lendemain.
“Il n’apporte rien”
Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Éric Zemmour se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15 % d’intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25 %) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20 %).
En se déclarant mardi, il parasite le processus d’investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants, après un dernier débat mardi soir, et l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker. Il embarrasse également sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a déploré mardi sur Sud Radio qu’il “disperse des voix utiles au redressement du pays”. “Il n’apporte rien”, a-t-elle dit, en critiquant notamment la “brutalité” de ses mesures sur l’immigration ou sa vision des femmes.
Pour Sébastien Chenu (RN), sur BFM TV, “cette annonce est faite pour essayer de colmater les brèches, au moment où il enclenche une descente de son propre fait”.
Parrainages et financement ?
Les partisans de Zemmour se targuent d’avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l’immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques de l’islam, une “civilisation” qu’il juge “incompatible avec les principes de la France”. Il est adepte de la théorie complotiste du “grand remplacement” de la population européenne par des immigrés non européens, et sa mesure la plus controversée vise à interdire de porter un premier prénom d’origine étrangère.
Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Éric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d’un salon sur la sécurité ou s’est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l’ancien président François Hollande de n’avoir “pas protégé les Français“. Ou quand il affirme, contre l’avis des historiens, que Pétain aurait “sauvé des juifs de France” pendant la Seconde Guerre mondiale.
Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, La France n’a pas dit son dernier mot, Éric Zemmour fait de l’ancien président américain Donald Trump une source d’inspiration, même s’il ne bénéficie pas du soutien d’un grand parti.
La constitution d’un réseau sur le terrain sera d’ailleurs l’un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s’appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages. Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu’il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300 000 euros.
Le polémiste est en outre accusé d’agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n’a été annoncée contre lui.
Konbini news avec AFP
PS : on préférera réécouter cette interprétation de la 7e symphonie de Beethoven :