L’erreur judiciaire autour de Mara Kanté débute en 2008, à Villiers-le-Bel. Deux jeunes garçons, Moushin et Laramy, se font percuter par une voiture de police, déclenchant interpellations, soulèvement populaire, et surmédiatisation de cette histoire qui deviendra “les émeutes de Villiers-le-Bel”.
Mara, ce jeune qui avait 20 ans au moment des faits, se fait dénoncer à tort, et emprisonné presque sur-le-champ. Les chefs d’inculpation étaient multiples : “tentative de meurtre sur fonctionnaire de police”, “port et transport d’armes de première et quatrième catégories”, et “trouble à l’ordre public”. Pourtant, il n’avait rien fait, et a continué de clamer son innocence jusqu’à son acquittement, quelques années plus tard.
En France et à l’étranger, les erreurs judiciaires existent bel et bien, et persistent. Tout comme les conséquences d’une telle incarcération, qui sont irréversibles.
Lui débute sa peine en étant classé DPS (détenu particulièrement signalé), engendrant une deuxième sanction : être placé à l’isolement durant un an. Une lourde condamnation, puisque celle-ci réduit considérablement les droits et la liberté qui pouvaient lui rester en détention : travailler, étudier, ou encore sortir s’aérer plus d’une heure lui était interdit.
Mara Kanté revient sur ce que la détention lui a pris, mais également appris. Car de cet enfermement sont nées des rencontres, celles de la lecture et de la résilience. “J’ai toujours cru que la justice avait une certaine impartialité. Mais en ayant côtoyé ce milieu-là de très près, en étant mis au banc des accusés, en ayant subi tout ce que j’ai subi, aujourd’hui, dans mes positions, je suis très clair, très lucide. En ce qui concerne la France, l’état de la France, la politique, l’état de la politique, la justice… La justice, elle est très bien faite, mais elle est très mal articulée. Parce que c’est des êtres humains, et les êtres humains font souvent, et malheureusement, beaucoup d’erreurs de discernement”, explique-t-il.
Ces années mises sur pause à cause de son emprisonnement l’ont aussi amené à être celui qu’il est aujourd’hui. Une personne aidante, qui diffuse et partage son expérience auprès des autres, de ceux qui en ont besoin, en se déplaçant dans des écoles, des maisons de quartiers, ou encore des Ehpad. Après son acquittement, il coécrit Préjugé(s) coupable(s) : Villiers-le-Bel, une vie après les émeutes, avec l’aide d’Amélie Foulon, journaliste du quotidien Le Parisien.