Les premiers souvenirs d’enfance de Mohamed Bouhafsi sont violents. Du plus loin qu’il se souvienne, son père les a toujours frappés, sa mère et lui. La violence qu’il subissait était “bi, tri, quadri hebdomadaire”, mais celle sur sa mère était quotidienne.
Coups, bleus, saignements, points de suture à l’hôpital, chaque moment de sa vie d’enfant est couplé à un souvenir traumatique. Les instants heureux se transforment toujours en cauchemars.
En plus de la violence physique qu’ils subissent, Mohamed et sa mère sont sous emprise psychologique. Leur histoire, c’est aussi “l’histoire de dizaines de milliers de femmes en France”. Dans leur famille, seul le père possède les papiers. Ainsi, au moindre écart, ils ont peur de se retrouver confrontés à l’expulsion.
Au fur et à mesure des années, la violence monte graduellement. Jusqu’au jour où le père de Mohamed tente de le kidnapper et de l’emmener de force en Algérie, loin de sa mère. Par chance, une voisine vigilante repère que quelque chose d’anormal se passe et prévient la mère du petit garçon. Le père finit en garde à vue, et disparaît à tout jamais de la vie de famille.
Mohamed Bouhafsi a l’impression qu’il est “né à 8 ans”, au moment du départ de son père.
Mais le plus dur restera encore à faire : se reconstruire en apprenant à gérer la violence qui le hante.
Aujourd’hui journaliste chroniqueur accompli, il revient sur son parcours dans son livre Rêver sous les coups aux éditions Larousse.