L’avocat général de la cour d’assises d’appel de l’Essonne a requis, vendredi, 20 ans de prison contre le compagnon d’Aissatou Sow, accusé de l’avoir tuée à coups de pied dans la tête à Valenton (Val-de-Marne) en 2016, et condamné en première instance à 25 ans de réclusion. Dans ses réquisitions, Olivier Bray a d’abord rappelé l’effroyable tableau découvert par les voisins un matin de septembre : Aissatou Sow inerte au pied de l’ascenseur, face contre terre, poussant des râles, le visage tuméfié, des éclaboussures de sang sur les murs.
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Au début de la procédure, Gianni Drissi a reconnu l’avoir frappée à plusieurs reprises à la tête, alors qu’elle avait chuté au sol suite à une première gifle “très, très violente”. La jeune femme décédera des suites de ses blessures.
Le représentant de l’accusation a toutefois étrillé une “enquête fragile”, des “policiers nuls”, soulignant qu’il n’y avait eu aucun témoin de la scène, pas de reconstitution, pas d’enregistrement vidéo des premières auditions du petit ami aujourd’hui dans le box des accusés, “qui n’est pas que quelqu’un qui sait taper et madame Sow qu’un ange”. Des propos qui ont ému la famille de la victime. Vendredi matin, la mère de la victime s’est évanouie sur le banc des parties civiles.
Un homme déjà connu de la justice
Mais Gianni Drissi, “champion de France minimes de kick-boxing”, est “quelqu’un de particulièrement violent, son casier le dit”, a repris l’avocat général. Au moment des faits, à 20 ans, le jeune homme avait déjà été condamné pour 17 infractions dont des vols avec violence. Et, le jour fatidique où il rattrape Aissatou Sow, fou de jalousie, au troisième étage de son immeuble, alors qu’elle rentre de soirée, “il sait très bien ce qui va se passer”, et vise la tête. Il a donc l’intention de tuer, avec préméditation, selon l’avocat général, qui a assorti les 20 ans requis d’une peine de sûreté aux deux tiers.
“T’as voulu aller en boîte avec des mecs, j’suis au courant de tout, je vais te tuer”, l’a-t-il menacée un peu plus tôt dans la soirée, via une vidéo, chargeant un revolver. L’avocate de la défense, Clarisse Serre, a, elle, rejeté la préméditation. S’il avait planifié de la tuer, “pourquoi n’est-il pas venu avec un couteau, un pistolet […], d’autant qu’il peut avoir accès à une arme ?”, a-t-elle interrogé. Maître Serre a même écarté l’intention d’homicide, plaidant les coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Le verdict est attendu dans la soirée. En novembre 2020, la cour d’assises du Val-de-Marne n’avait pas retenu la préméditation, condamnant Gianni Drissi pour “meurtre” à 25 ans de réclusion criminelle. D’après un bilan du ministère de l’Intérieur, 146 femmes ont été victimes de féminicides en 2019, et 102 en 2020. Au total, selon le ministère, plus de 200 000 femmes sont victimes de violences chaque année en France.
Konbini news avec AFP